Entre 400 et 800 travailleurs sont appelés à choisir entre "un départ volontaire" et "un licenciement économique". Entre "départ volontaire" et "licenciement économique", Renault Algérie Production (RAP) déroule son plan social en direction de ses 1 200 employés dans un communiqué placardé, jeudi dernier, à l'entrée des ateliers de son usine de montage de véhicules d'Oued Tlélat à Oran. "Suite à la communication faite le 23 juillet 2020 pour débuter les formalités concernant le passage à une équipe, à partir du 1er septembre, et suite à la non-visibilité de la situation, l'entreprise donne à ses employés en CDI la possibilité de choisir entre une procédure de départ volontaire où une procédure de licenciement économique, selon la réglementation", indique le communiqué de l'entreprise. Cette communication faite en juillet par le directeur commercial de RAP avait été rejetée par les salariés qui avaient exigé de discuter avec le directeur de production, apprend-on. Ainsi, entre 400 et 800 travailleurs sont appelés à choisir entre "un départ volontaire, avec un mois et demi de salaire pour une année de travail en CDI" et "un licenciement économique avec trois mois de salaire pour les CDI". Renault Algérie Production offre également "50% en indemnités de chômage payées par la Cnac pour les CDI de plus de 3 ans sous réserve des autres conditions d'acceptation du dossier de la Cnac", selon la même source d'informations. Pourtant, la société laisse la porte ouverte et précise que "si l'activité reprend avant le 1er septembre, la procédure de licenciement sera alors interrompue". En mai dernier, le constructeur automobile français avait déclaré son intention de supprimer 15 000 emplois dans le monde, dont 4 600 en France tout en excluant, sous la pression de Matignon, les licenciements secs. Ainsi, les effectifs devraient être réduits au gré des départs volontaires, des départs à la retraite non remplacés et des mesures de mobilité interne ou de reconversion. Au niveau mondial, les capacités de production de Renault seront abaissées de 4 à 3,3 millions de véhicules, sur une base de deux équipes et le constructeur suspendra des projets d'extension d'usines au Maroc et en Roumanie. Il envisage, également, de réduire ses capacités de production en Russie, les activités mécaniques en Corée du Sud et la fabrication de boîtes de vitesses en Turquie. Absence de visibilité Dans ce plan de redéploiement, aucune indication ne concerne son usine en Algérie. Pour rappel, et en février dernier, l'usine d'Oued Tlélat avait officiellement fermé ses portes jusqu'à nouvel ordre nonobstant les assurances données par la marque au losange qui excluait, quatre mois plus tôt, la fermeture de son usine. "Nous sommes sur le point d'épuiser nos stocks des kits CKD/SKD et la chaîne de production risque d'être suspendue éventuellement à partir du mois de novembre, en raison de l'indisponibilité des kits destinés au montage des véhicules touristiques après épuisement des quotas qui nous ont été autorisés", avait indiqué, en octobre dernier, à l'APS, une source responsable auprès de Renault Algérie. À cet effet, en cas de "suspension provisoire" de ses activités de montage, Renault Algérie Production "exclut tout licenciement de son personnel", en misant sur "un redéploiement". Pour expliquer la fermeture de l'usine, Renault Algérie Production pointe du doigt l'arrêt des importations des kits SKD/CKD et l'absence de visibilité "en attendant la publication d'un nouveau cahier des charges". Le nouveau cahier des charges relatif à l'industrie automobile en Algérie exige de l'investisseur un taux d'intégration initial de 30% ainsi qu'un apport initial en capital égal ou supérieur à 30% de l'investissement, avait indiqué le ministre de l'Industrie et des Mines, Ferhat Aït Ali Braham. Pour le moment, et en attendant la mise en place de ce plan social, les travailleurs qui étaient au chômage technique continuent de toucher 70% de leur paye et ceux qui travaillent encore sur site leur salaire intégral. Néanmoins, tout porte à croire que l'usine reprendrait son activité sous le régime d'une seule équipe à partir du 1er septembre en assurant trois mois de production après avoir récupéré son lot de conteneurs des kits CKD-SKD du port d'Oran. Et si une fermeture du site d'Oran devait intervenir, elle serait actée fin décembre, selon toute vraisemblance. SAID OUSSAD