De nombreux pays arabes se sont tus devant l'annonce de l'accord de normalisation des relations israélo-émiraties. Ce qui est considéré par les Palestiniens comme un lâchage. Les Palestiniens ont rejeté, hier, l'idée que l'accord de normalisation conclu entre l'occupant israélien et les Emirats arabes unis (EAU) soit au profit de la cause palestinienne, alors qu'Abou Dhabi a déjà repris ses liaisons téléphoniques directes avec Tel-Aviv et une société émiratie a annoncé aussi avoir signé un accord commercial avec une entreprise israélienne pour investir dans la recherche médicale liée au coronavirus. "Nous refusons de dire que l'accord émirati-israélien, parrainé par les Etats-Unis, soit au profit du peuple palestinien", a réaffirmé, hier, le secrétaire général du Comité exécutif de l'Organisation de la Palestine, Saëb Erekat, expliquant que cela va tuer "la solution de deux Etats", a rapporté l'agence de presse officielle Wafa. "Je crois sincèrement que cette étape (accord Israël/Emirats) va tuer la solution à deux Etats, et vous savez pourquoi ? Parce que pourquoi Netanyahu discuterait même de solution à deux Etats s'il pensait que les pays arabes vont faire la file pour faire la paix avec lui", a déclaré M. Erekat lors d'une visioconférence avec des journalistes de la presse étrangère. "Des gens comme Netanyahu et des extrémistes en Israël pensent donc que la solution à deux Etats n'est plus sur la table, et des extrémistes dans mon propre camp me disent : ‘Nous te l'avions dit depuis le tout début, la solution à deux Etats n'est pas sur la table'", a ajouté M. Erekat. "Cela renforce les extrémistes israéliens (...) et les extrémistes de notre côté", a-t-il poursuivi, qualifiant l'accord de "tentative désespérée" des Etats-Unis de sauver le plan Trump pour le Proche-Orient, internationalement rejeté, y compris par les alliés des Etats-Unis. "Nous adhérons à la légitimité internationale et considérons la décision émiratie comme une récompense pour Israël pour ses pratiques d'annexion, de meurtre, de démolition de maisons et de tentative de convertir le conflit en conflit religieux", a accusé l'ancien négociateur palestinien, qui avait jeté l'éponge ces dernières années, en raison de la poursuite par Israël de sa politique de colonisation en Cisjordanie et El-Qods-Est occupées, bénéficiant du soutien inconditionnel de Washington, où le lobby sioniste est plus fort que jamais. "Nous avons demandé aux Emirats arabes unis de revenir sur cette décision, ce qui ne représente aucun intérêt pour le peuple palestinien", a indiqué M. Erekat, lit-on encore sur Wafa. "Nous avons entendu certains pays arabes se féliciter de l'accord. Il existe aussi des positions non claires de certains autres pays", a-t-il regretté, sans en citer les noms, affirmant espérer que "Bahreïn, Oman et le Soudan ne prendront pas une telle mesure", dénoncée ouvertement par le Koweït, hier, et l'Iran, vendredi, ainsi que par la Turquie, même si cela paraît paradoxal et à la limite de l'hypocrisie, puisque Ankara entretient des relations commerciales et militaires de premier plan dans la région avec l'occupant israélien. Par ailleurs, les autorités d'occupation israéliennes ont annoncé hier la fermeture de la zone maritime de la bande de Gaza, empêchant ainsi les pêcheurs de sortir en mer, a rapporté l'agence de presse palestinienne Wafa. Dans la nuit de samedi à dimanche, l'armée israélienne a mené une nouvelle série de frappes aériennes, pour la troisième nuit consécutive, contre cette enclave palestinienne, sous blocus israélien depuis 2007. Lyès Menacer