Cela fait des années qu'un groupe de retraités de la Société nationale des hydrocarbures (Sonatrach) protestent pour obtenir les droits que leur donnent les conventions signées entre Sonatrach et la Mutuelle des industries du pétrole (MIP). De guerre lasse, ils s'adressent au président de la République dans une lettre ouverte qu'ils ont rendue publique. Dans une longue lettre, les retraités de la société nationale se plaignent notamment du fait que malgré l'élaboration de certains textes de loi, 42 000 retraités de Sonatrach ne parviennent pas à faire appliquer une loi concernant, notamment, la retraite complémentaire. Ainsi, jusqu'en 2015, les retraités de Sonatrach devaient toucher une indemnité complémentaire de retraite de 20%. Mais ils ne perçoivent, dans les faits, que 12,5%. Pourquoi ? "Sonatrach nous a expliqué qu'à cause des problèmes financiers, elle ne peut pas appliquer le taux avec effet rétroactif", a expliqué El-Malic Boussadi, un des représentants des retraités de Sonatrach. De ce fait, la Mutuelle des industries du pétrole (MIP) "a augmenté les cotisations et diminué les pensions se référant à la nouvelle loi tout en piétinant l'article 2 du code civil qui stipule qu'aucune loi n'est rétroactive, or, comment expliquer que ceux qui ont quitté avant le 1er janvier 2015 soient pénalisés d'une manière abusive vu que la loi 15-02 n'est effective qu'à compter de sa date de promulgation", écrivent ces retraités. Cela concerne au moins 42 000 retraités, nous dit-on. Autre grief retenu contre Sonatrach : l'Indemnité d'expérience professionnelle (IEP). Selon les contestataires, cette indemnité a été remplacée par l'indemnité ancienneté groupe (IAG). Cette nouvelle indemnité est appliquée dès 2009. Le problème est que pour les anciens salariés de Sonatrach, cette disposition n'a pas concerné ceux qui sont partis à la retraite avant cette date. Ce qui a créé un système de deux collèges. Plus que cela, "cette IAG, pour qu'elle soit légale, doit être validée par les instances supérieures du pays du fait qu'elle n'existe ni dans la loi 90-11 du 21-04-1990 ni sur le décret 85-58 du 23-03-1985, encore moins dans la convention collective d'entreprise du 22-11-1994 article 67, la rubrique 176 sur fiche de paie en est la preuve irréfutable de l'IEP", écrivent les retraités au chef de l'Etat. Avant de soulever tous ces griefs (et bien d'autres liés au système complexe des retraites de Sonatrach), les protestataires ont tenu une quarantaine de sit-in et rencontré "au moins 14 fois" les dirigeants de la compagnie nationale. Sans succès. "À chaque fois, on nous fait des promesses sans lendemain", indique un retraité. Dans la lettre écrite au président de la République, ils se disent épuisés de lutter sans résultat. "Au-delà d'une pitoyable arrogance, elles ajoutent ainsi bien tristement l'ingratitude à la cécité et à l'injustice. Nos requêtes transmises à qui de droit sont restées sans suite pour la simple raison que personne parmi les inspecteurs principaux du travail, les gestionnaires des institutions, ni les directeurs, ni les magistrats, ni même les procureurs rencontrés n'ont eu le reflexe de prendre les mesures qui s'imposaient", lit-on dans la lettre des retraités. "Ce n'est qu'après avoir épuisé toutes les voies de recours possibles, que nous avons été contraints d'unir nos voix pour nous adresser à votre honneur par lettre ouverte, afin de vous exposer les faits d'un flagrant déni de droit", expliquent-ils encore dans la lettre envoyée à Abdelmadjid Tebboune.