Face à la crise engendrée par la baisse des revenus pétroliers du pays et la pandémie de Covid-19, le groupe Sonelgaz a décidé de réduire de 30% ses programmes d'investissement et de plus de 10% les coûts d'exploitation et de maintenance. L'entreprise a pris cette décision à l'effet d'accompagner les efforts nationaux visant à diminuer les dépenses au cours de cette année exceptionnelle que vit le pays. Le groupe a d'ores et déjà enclenché une démarche de restructuration à travers les contrats de fusion en conglomérat de quatre filiales relevant du groupe, signés récemment en vue de leur annexion à la société mère pour revoir leur mode organisationnel. Cette réorganisation s'inscrit en fait en droite ligne de la nouvelle politique économique que compte mettre en œuvre le gouvernement, affirme Chahar Boulakhras, P-DG de Sonelgaz. Il s'agit aussi d'une réponse aux difficultés que connaît le groupe, aggravées cette année par les créances que détient Sonelgaz sur ses clients. Le montant des factures d'électricité et de gaz impayées par les clients de Sonelgaz depuis le début de 2020 s'élève à 70 milliards de dinars contre 53 milliards de dinars à la même période en 2019. Pour mettre en œuvre son programme d'investissement, la société s'est toujours appuyée sur l'accompagnement de l'Etat via des crédits bancaires à long terme à un taux bonifié avec un différé de paiement. Or, toute entreprise qui projette de réaliser un investissement doit être en mesure de dégager 30% en autofinancement et obtenir les 70% restants en financement à partir du marché financier. Ça ne peut pas être le cas de Sonelgaz qui fait face à la lancinante problématique de la tarification de l'électricité. Les prix pratiqués actuellement par la société "ne permettent pas à l'entreprise de dégager un matelas indispensable pour un autofinancement ou de détenir une trésorerie à utiliser dans l'exploitation", indiquaient à chaque fois tous les P-DG qui se sont succédé à la Sonelgaz. Ce niveau des tarifs ne couvre pas le coût de revient de l'électricité produite, est-il constaté. Certes, le concours bancaire sert jusque-là la société mais la solution la plus durable et efficace reste la révision de la tarification. Sonelgaz suggère une hausse tout en préservant la classe moyenne de consommateurs. En outre, compte tenu de la situation difficile que traverse actuellement le secteur bancaire, il n'est plus aisé pour le groupe de contracter des prêts auprès des institutions financières nationales. Cette nouvelle donne sur le marché a contraint les dirigeants du groupe à réfléchir à d'autres sources de financement y compris la dette extérieure. Le recours à cette option n'est visiblement pas un tabou. Les tarifs de la consommation d'électricité et de gaz, qui n'ont pas connu d'augmentation depuis des années et les dépenses considérables de Sonelgaz en investissements ainsi que la situation peu reluisante des banques, font que l'endettement extérieur devient une nécessité pour l'entreprise. Le groupe tient compte de la demande de plus en plus grandissante en énergie. D'où le lancement de projets visant à augmenter la production qui est passée de 6 000 mégawatts (MW) au début des années 2000 à plus de 21 000 MW actuellement. Mieux, l'on parle d'une production nationale qui avoisinerait les 25 000 MW en 2024. Le P-DG de Sonelgaz évoque aussi comme projets inscrits au programme, l'intensification des investissements sur les réseaux et le transport de la haute tension. L'autre défi que veut relever le groupe a trait à l'important plan national de développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique qui est en cours d'exécution. Il vise à moyen terme la mise en service de près de 22 000 MW en énergie verte. Dans sa première phase, près de 400 MWc en solaire et éolien ont été déjà connectés au réseau national.