Avoir de l'eau potable en permanence n'est qu'un mirage qui a fait rêver durant de longues années les habitants de la wilaya de Bouira. Les autorités locales qui ont eu à gérer plusieurs projets de développement, dont des opérations importantes de raccordement des villes et villages de la wilaya au réseau de distribution d'eau potable, ont promis de l'eau à profusion dès la livraison des projets. Le citoyen a nourri, durant cette période, de grands espoirs d'en finir avec la pénurie d'eau. Une fois les projets livrés et mis en service, plusieurs villages et localités, voire des chefs-lieux de commune, ne se permettent pas de l'eau potable au quotidien. Les deux barrages hydrauliques, Tilesdit et Koudiet Acerdoune, qui ont une capacité de plus de 800 millions m3, n'ont pas pu étancher la soif d'une population qui a tant attendu la concrétisation des promesses des pouvoirs publics. Pour ce qui est des réserves d'eau des deux barrages, elles ont été estimées par la direction des ressources en eau, au 17 juin dernier, à 194 millions m3 pour Koudiet Acerdoune, qui a une capacité de 640 millions m3, et 146 millions m3 pour Tilesdit dont la capacité initiale est de 165 millions m3. Ces deux structures hydrauliques alimentent une quarantaine de communes à travers cinq wilayas limitrophes. Les sommes colossales qui ont été débloquées par le Trésor public pour assurer l'accès à l'eau potable n'ont pas servi à grand-chose. L'eau manque dans plusieurs régions de la wilaya. Le nombre de villages et localités qui sortent dans la rue pour réclamer le précieux liquide depuis le début de l'été en est le parfait exemple. Des villageois de la commune de Haïzer, d'Oued El-Berdi et d'Ath Laâziz ont procédé à la fermeture des sièges d'APC et de routes pour se faire entendre de la part des autorités locales et révélé des malfaçons dans les projets réalisés. À Oued El-Berdi, une commune située à 10 km au sud de Bouira, les habitants de plusieurs villages ont fermé le siège de l'APC pendant trois jours pour exiger une commission d'enquête. Les villageois veulent savoir pourquoi le réseau de distribution récemment réalisé n'a jamais été mis en service. À Haïzer, des habitants du village Guentour ferment le siège de l'APC à plusieurs reprises pour demander l'eau potable et attirer l'attention des autorités sur un projet d'une conduite dont les travaux ont été bâclés par une entreprise. Ainsi, plusieurs villages d'Ath Laâziz, à une quinzaine de kilomètres au nord du chef-lieu de wilaya, ont été contraints de barricader la RN5 pour faire valoir leur droit à l'eau potable. Dans les communes de l'est de la wilaya, l'eau se fait rare dans certaines localités. À Ath Mansour, à titre d'exemple, les foyers des deux principaux villages, Thaourirt et Ath Vouali, n'ont droit qu'à une journée, voire à deux journées par semaine. Des localités et des quartiers de la même commune sont totalement privés d'eau. Les régions du sud et de l'ouest de Bouira sont aussi touchées. Par ailleurs, le secteur de l'hydraulique a bénéficié d'un montant de 23,3 millions de dinars dans le cadre du programme des zones d'ombre. Les services de la wilaya ont recensé 112 zones qui ne sont pas encore raccordées au réseau d'AEP ni au réseau d'assainissement à travers la wilaya. Pas moins de 94 zones d'ombre ont bénéficié de projets, dont 21 zones pour des opérations d'AEP et 73 zones pour des projets d'assainissement. Il faudra encore attendre quelques mois, voire plus, pour que la distribution de l'eau potable s'améliore et atteigne les localités reculées et enclavées de Bouira. Ali CHERARAK