"Tu me parles des joueurs de l'équipe de France ? Des joueurs franco-algériens ? Va le leur dire si ce sont des joueurs franco-algériens !" Reconstitution du contexte : Alger, 19 novembre 2019, Djamel Belmadi qui répond aux journalistes à propos d'une éventuelle convocation chez les Verts de Houssem Aouar et de Yacine Adli. "Oui, je devais venir en équipe de France dès l'automne dernier, mais j'avais été blessé. J'avais même passé des tests avec le médecin de l'équipe de France. Mais l'examen n'avait pas été concluant, j'étais touché aux adducteurs, et je n'avais pas pu honorer cette convocation. Sur le coup, j'avais été déçu, forcément, mais il fallait que je prenne le temps de me soigner, je ne pouvais rien faire d'autre." Nouveau contexte : Lyon, 28 août 2020, Houssem Aouar au lendemain de sa première convocation en équipe de France par Didier Deschamps. Entre les deux situations et les deux rives, comme une certitude : Djamel Belmadi savait pour Houssem Aouar. On ne peut pas croire naïvement qu'un homme aussi introduit que Belmadi dans le paysage footballistique franco-algérien ignorait ce qui s'était passé entre le staff de l'équipe de France et la pépite lyonnaise. On ne peut pas croire, non plus, qu'un meneur d'hommes aussi charismatique et aussi intelligent dans son management que le sélectionneur national se serait risqué à tancer de la sorte, publiquement, un joyau que les grands d'Europe s'arrachent, s'il n'était pas certain que le pari était perdu d'avance. Si l'architecte du sacre africain des Fennecs avait haussé le ton d'une manière aussi catégorique à l'automne 2019, ce qu'il était dans le secret de ce qui s'était passé entre la FFF et la famille Aouar. Sauf énorme hasard – impensable à ce niveau où la communication est calculée à la moindre syllabe – qui aurait fait coïncider le "oui" à l'équipe de France de Aouar (automne 2019) au (presque) "non, ils ne sont pas (des joueurs) Algériens" de Djamel Belmadi (également automne 2019), l'on est en droit de penser qu'à la FAF, on savait "l'affaire" déjà conclue entre le vice-capitaine de l'Olympique lyonnais et le patron technique des champions du monde en titre. Ce qui expliquerait en partie qu'aucune démarche digne du talent du Lyonnais de 22 ans n'avait été entreprise. À juste titre d'ailleurs. Un gain de temps, d'argent et de paroles, en somme, qui n'aurait finalement rien changé au cours de cette histoire à l'air de déjà-vu, entre un crack français de cœur et son Algérie originelle. Rachid BELARBI