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"Les entreprises publiques sont devenues un boulet pour le budget de l'Etat"
Zine Barka, Professeur de Finances Publiques à l'Université de Tlemcen
Publié dans Liberté le 31 - 08 - 2020

Zine Barka, professeur de finances publiques à l'Université de Tlemcen, revient dans cet entretien sur la déclaration du ministre de l'Industrie concernant la réflexion engagée par le gouvernement autour de l'ouverture du capital de certains groupes publics.
Liberté : Le gouvernement vient d'engager une réflexion autour de l'ouverture du capital de certains groupes publics et leur financement dans le cadre d'un plan intégré de restructuration. Qu'en pensez-vous ?
Zine Barka : Cette déclaration émane du ministre de l'Industrie, qui est bien sûr un membre du gouvernement et premier responsable du secteur de l'industrie. Il me semble que l'annonce de cette politique, pour avoir plus de poids, aurait dû venir d'une instance politique plus haute, à savoir le chef de l'Etat qui incarne l'intérêt général et qui donne les orientations en matière de politique économique et veille à la continuité des engagements. Car cette annonce exprime tout de même une nouveauté, relative, en matière de stratégie industrielle.
Ensuite, le recours à ce mode de financement — épargne privée particulièrement — semble obéir essentiellement à des considérations d'ordre budgétaire. Le poids financier des entreprises publiques déficitaires, déstructurées, souvent dans l'impossibilité de payer régulièrement les salaires des travailleurs, ou leurs fournisseurs, y compris de s'acquitter de leurs impôts et taxes, ne cesse de s'agrandir et de peser lourdement sur le Trésor public. Il y a donc une volonté de l'Etat d'associer d'autres parties au partage du fardeau.
Ces entreprises publiques économiques (EPE) ont pu bénéficier des concours de l'Etat tant que les rentrées des hydrocarbures étaient consistantes, mais avec le retournement du marché pétrolier en défaveur des pays producteurs de pétrole, la situation devient intenable pour les finances publiques de ces Etats qui font face à d'autres engagements importants en matière de financement.
Pour ce qui concerne l'Algérie, la déclaration du ministre précité ne mentionne pas les entreprises publiques qui pourraient être concernées par l'ouverture du capital. Pratiquement, beaucoup d'entreprises publiques pourraient être concernées par ce nouveau mode de gestion publique basé sur la rigueur du management privé. Enfin, la dernière question se rapporte aux indicateurs mis en place pour mesurer les effets bénéfiques de ce nouveau mode de gestion ouvert sur le capital privé (national et international) et l'organisme en charge pour superviser cette évolution.
L'endettement de certaines entreprises publiques est devenu un problème récurrent. Les nombreuses et importantes mesures financières adoptées depuis plus de vingt-cinq ans n'ont pas réglé les problèmes structurels de ces entreprises. Pourquoi ?
L'endettement des entreprises publiques économiques (EPE) algériennes n'est devenu un problème préoccupant pour les pouvoirs publics qu'à partir du moment où les cours du pétrole ont commencé à baisser fortement et d'une façon continue. Un ancien Premier ministre, aujourd'hui déchu, évaluait la dette des entreprises publiques, en septembre 2018, à 1 000 milliards de dinars, soit 7,4 milliards de dollars, ce qui représente 4,26% du PIB.
Ces entreprises publiques économiques, qui se sont multipliées grâce à la politique d'industrialisation après l'indépendance, peuvent être perçues comme un outil de politique industrielle et aussi comme un important volet social de l'action de l'Etat par une politique de recrutement très débridée et sans aucune mesure avec la rationalité de gestion ou de rentabilité financière.
Avec le temps et les divers dysfonctionnements qui ont caractérisé ces entreprises publiques, ainsi que l'absence d'un management moderne et une adaptation à l'évolution technologique, ces entreprises sont devenues un boulet pour le budget de l'Etat, via les remboursements de leurs dettes auprès du système financier. Le recours à ces formes de soutien financier s'est accompli sans que l'on fasse un diagnostic réel des problèmes auxquels ces entreprises étaient confrontées.
Cet audit aurait révélé des problèmes structurels à l'origine de la non-rentabilité de ces entreprises qui peuvent être résumés ainsi : un système d'allocation de subventions non rationnel ; des restructurations à répétition qui n'ont apporté aucun résultat positif sur le plan financier ont conduit à licencier des travailleurs d'une manière anarchique ; une tutelle administrative politique pesante rendant la prise de décision dans le domaine de la gestion loin de l'efficacité où les entreprises moins performantes continuent d'exister au détriment des entreprises compétitives ; et enfin une gouvernance parasite très peu qualifiée et motivée, sinon par des intérêts pécuniaires personnels ou d'exercice de prédation sur les richesses publiques avec des détournements et d'autres comportements préjudiciables.
Terminons par mentionner que la Cour des comptes pourrait et aurait dû jouer un rôle non négligeable dans le repérage des entreprises publiques mal gérées et tirer, ainsi, la sonnette d'alarme officiellement dans les rapports annuels publics qu'elle est censée produire. L'assainissement du secteur public et des entreprises publiques économiques ne peut se faire sans l'accompagnement de cette juridiction, encore faudrait-il qu'elle ait les moyens financiers et humains suffisamment formés convenablement à cet exercice.
Les précédentes opérations de privatisations ont été très critiquées. Que faut-il faire pour éviter l'échec ?
L'Algérie possède une longue expérience en matière de privatisations. Il y a des réussites et des échecs cuisants dans ce domaine. Le complexe d'El-Hadjar par exemple est le plus représentatif de cet échec. Les premières tentatives de privatisation ont commencé au milieu des années 1990 dans le cadre du passage d'une économie dirigée à une économie libérale sous la houlette des recommandations du Fonds monétaire international invité à faire son entrée en Algérie grâce au Programme d'ajustement structurel.
Ce mouvement de privatisation-renationalisation me semble être le reflet d'une hésitation dans la conduite des affaires publiques. Quoi qu'il en soit, ce mouvement pendulaire a produit une abondante littérature où différents acteurs se sont exprimés. Certes, le mouvement de privatisation fait peur à la population car il est très souvent associé à un licenciement massif des travailleurs. Cette question mise de côté, il faudrait avoir à l'esprit que la formation d'un secteur public prédominant en Algérie constitue plus un handicap pour une bonne gestion des finances publiques qu'un atout.
L'Etat est souvent considéré comme mauvais gestionnaire, les décisions sont prises avec beaucoup de lenteur et de bureaucratie, un sureffectif de personnel avec, à la clé, une inefficacité des gestions et des surcoûts à faire supporter par le contribuable. Tous ces aspects sont dommageables à la bonne gestion publique et rendent le secteur public moribond et loin de la modernité et de l'efficacité.
En bref, il me semble que toute opération de privatisation future devrait être prise en charge par une structure technique logée à un haut niveau hiérarchique et conduite par une talentueuse équipe de managers parfaitement rompus aux enseignements et pratiques modernes de la privatisation. Il est peut-être temps de renouveler et les méthodes de travail et les hommes qui ont fait leur temps à ces postes de direction.

Propos recueillis par : Meziane ABHI


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