Après une année scolaire écourtée par la crise sanitaire, les candidats au BEM retrouveront les salles d'examen dans un état d'esprit fortement marqué par le confinement. Jamais épreuves scolaires en Algérie n'ont été entourées d'autant d'incertitudes et de craintes que celles du BEM et du baccalauréat qui doivent respectivement se dérouler du 7 au 9 septembre et du 13 au 17 septembre prochains. Pour les candidats et leurs parents, comme pour le personnel d'encadrement et le ministère de l'Education qui affirment avoir procédé à l'organisation selon le strict protocole sanitaire, la réussite de l'événement, cela relève presque de la gageure. Ainsi, selon beaucoup de concernés, la préparation psychologique des candidats aux épreuves n'a pas été correctement prise en charge, et ce n'est pas l'instruction envoyée le 15 août par le département de Mohamed Ouadjaout aux enseignants et conseillers de l'orientation scolaire et professionnelle qui changera la donne pour des adolescents déscolarisés depuis six mois, n'ayant pas pu bénéficier des vertus de l'enseignement à distance et qui, de surcroît, ont été soumis au pesant stress du confinement. À l'évidence, cette instruction, qui s'articule autour de trois fiches — accompagnement pédagogique lors des révisions, prise en charge psychologique avant l'examen et assistance pendant les épreuves —, ne pourra pas remplacer le travail qui aurait dû être accompli tout au long des six mois d'arrêt des cours, en matière de préparation pédagogique, mais également en termes de soutien psychologique et de familiarisation aux mesures de distanciation, ce que de nombreux spécialistes avaient réclamé il y a plusieurs semaines. "Si dans son environnement immédiat, le candidat a été correctement préparé aux gestes barrières, il n'y aura pas de problème, sinon, il sera plus difficile de s'adapter pour ceux qui vont en prendre connaissance et les appliquer au moment de l'examen", souligne la psychologue Fatima-Zohra Sebaâ-Delladj, qui rappelle le caractère anxiogène des situations d'examen. Il reste que le ministère de l'Education a indiqué que des instructions avaient été transmises aux autorités locales, afin que des médecins généralistes et des psychologues soient détachés au sein des centres d'examen pour un suivi médical et psychologique des élèves. Le ministère a également annoncé avoir bénéficié de dons de 400 000 bavettes, 30 000 lotions hydroalcooliques et 10 000 distributeurs automatiques de lotion hydroalcoolique désinfectante. Annonces qui n'ont pas tempéré l'inquiétude des candidats aux examens et de leurs parents quant aux conditions du déroulement de ces examens de fin d'année. "Le ministère soutient que toutes les dispositions ont été prises pour le bon déroulement des examens, mais je ne suis pas vraiment convaincue", avoue la mère d'une candidate au baccalauréat en rappelant la gestion, approximative à tous les niveaux, de la pandémie depuis son apparition en mars dernier. "Ma fille a entamé les révisions dans son lycée, et contrairement à ce qui a été annoncé, sa classe n'a pas été désinfectée et aucun conseiller d'orientation ne lui a prodigué le moindre conseil pour bien se préparer. C'est pour cela que je me méfie des assurances officielles", déplore un parent d'élève à Oran. De leur côté, les syndicats de l'éducation, qui ont déploré leur marginalisation par la tutelle de l'opération de préparation de ces examens cruciaux, ont également exprimé leurs préoccupations quant à l'état psychologique des élèves et aux conditions d'organisation des épreuves dans ce contexte de risque pandémique. Parmi eux, le Syndicat national des travailleurs de l'éducation (SNTE) qui a notamment suggéré au MEN d'augmenter le nombre de centres d'examens et des centres de correction, de mobiliser des salles couvertes et les amphithéâtres des centres de l'enseignement intermédiaire et secondaire. Comme il a proposé de limiter à 10 le nombre de candidats dans chaque salle et de réduire le nombre de surveillants à 2 au lieu de 3. Le SNTE a également estimé nécessaire de stériliser les salles d'examen, les fournitures de travail de même que les sujets et tous les équipements liés aux examens. Des mesures de prévention, a-t-il encore proposé, qu'une cellule créée par le ministère devrait vérifier sur le terrain dans les jours précédant les examens. De son côté, le Cnapeste s'est inquiété de la faisabilité des mesures prises par le ministère de l'Education pour éviter la propagation du coronavirus lors de la période de révision. Le syndicat autonome a notamment souligné l'incapacité, admise par les proviseurs de lycées, à respecter le protocole au-delà de deux jours en raison de l'insuffisance des budgets. Pour le Cnapeste, il n'est pas sûr qu'il soit matériellement possible de faire appliquer les mesures sanitaires décidées par les pouvoirs publics. Finalement, au vu de l'évolution de la Covid-19 et des données qui entourent les préparatifs des examens, il apparaît qu'il est plus important de protéger les candidats aux épreuves du baccalauréat et du BEM pour les préserver d'une possible contamination.