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"Nous militons pour rendre accessible la pompe à insuline" Dr HAFIDA CHERIF, MAÎTRE ASSISTANTE ET PRESIDENTE DE L'ASSOCIATION DES ENFANTS DIABETIQUES DE SéTIF
S'occupant d'enfants diabétiques de la wilaya de Sétif, Dr Hafida Chérif, maître assistante en pédiatrie au pôle pédiatrique Derradji-Bouatoura du CHU Sâadna-Abdennour, rappelle que son association a saisi le ministère de la Santé pour rendre accessibles les pompes à insuline. Liberté : Après plusieurs mois du début de la pandémie de Covid-19, quel bilan feriez-vous du suivi des diabétiques adhérant à votre association et quels enseignements tirez-vous de cette période ? Dr Hafidha Chérif : Les diabétiques sont des sujets fragiles face aux risques de complications de la maladie, surtout en cette période de pandémie où la vigilance est de mise. Enfants ou adultes, ils sont obligés de concilier confinement et gestion de l'équilibre glycémique. Pour les enfants, le diabète est différent de celui de leurs aînés. En effet, la période de confinement a beaucoup affecté la gestion du diabète des enfants. Loin des radars des médecins pendant la période de la pandémie, beaucoup d'enfants diabétiques ont abandonné le contrôle périodique et l'élaboration des analyses médicales de peur d'être contaminés. Depuis le début de la pandémie de Covid-19 et jusqu'au mois de mai passé, nous avons perdu plusieurs enfants de nos radars. À cet effet, et pour mieux prendre en main le suivi de nos patients, nous avons procédé à un réaménagement des lieux en installant des chapiteaux dans la cour et le jardin du pôle pédiatrique afin d'éviter de recevoir les enfants et leurs parents dans un milieu clos.
Qu'est-ce que vous avez préconisé pour reprendre contact avec vos patients et du coup les prendre en charge afin de leur éviter les complications ? Le fait que nos patients ne se présentaient pas régulièrement nous a vraiment inquiétés et nous a poussés à réfléchir pour trouver une solution. Nous avons exposé le problème à notre chef de service, Pr Bioud Belkacem, qui nous a proposé de prévoir un espace en plein air. À cet effet, à l'instar des autres unités s'occupant d'autres enfants souffrant de pathologies chroniques dont l'asthme, nous avons, dès le mois de mai, procédé à la convocation des enfants diabétiques dont le suivi médical est assuré dans notre service afin de les accompagner davantage et leur éviter les déséquilibres glycémiques qui peuvent nuire à leur santé. C'est une maladie lourde qui nécessite une prise en charge multidisciplinaire, à savoir médicale, psychologique, nutritionnelle et, notamment, une éducation thérapeutique dans le but d'accompagner l'enfant et aussi ses parents. Il faut souligner que le diabète est une maladie qui retentit sur la vie familiale et scolaire de l'enfant, d'où l'importance du mouvement associatif qui doit jouer un rôle important dans l'accompagnement des malades et leurs parents. Il faut aussi savoir que le diabète de l'enfant est une maladie fréquente dont l'incidence est en nette augmentation. En 2018, on a enregistré plus de 22 nouveaux cas/100 000 enfants âgés de moins de 15 ans. L'enfant diabétique reçoit plusieurs injections d'insuline par jour et il est obligé de contrôler sa glycémie 4 à 6 fois, voire plus, par jour, vu le risque d'hypoglycémie qui peut mettre en jeu le pronostic vital de l'enfant, notamment le nourrisson. Des parents d'enfants diabétiques se plaignent de la fiabilité des appareils de mesure de la glycémie et l'absence d'autres alternatives. Quel est votre avis ? Le diabète de l'enfant et du nourrisson est très difficile à équilibrer, d'où la nécessité des pompes à insuline, malheureusement indisponible chez nous vu leur coût. Pour la surveillance de la glycémie, les malades souffrent quotidiennement de la douleur des piqûres, alors qu'il existe ailleurs le Freestyle libre qui permet l'enregistrement continu de la glycémie sans avoir recours aux piqûres, tout en permettant de suivre régulièrement l'équilibre glycémique et du coup améliorer la qualité de vie l'enfant. Sous d'autres cieux, cette alternative n'est plus un luxe. Notre association, qui date de 2015 et qui s'occupe de 300 enfants diabétiques, a toujours milité pour améliorer la vie des enfants diabétiques, notamment les nourrissons, en revendiquant le droit à la pompe à insuline Freestyle, d'autant plus que les glucomètres utilisés depuis quelques années sont moins fiables. En attendant que le ministère de la Santé et les autres départements dont le ministère du Travail et de la Sécurité sociale répondent favorablement à notre doléance, et pour améliorer un tant soit peu le quotidien des enfants diabétiques, nous prônons l'adhésion au traitement dont l'objectif est l'amélioration de l'équilibre glycémique et, du coup, prévenir les complications de cette maladie sournoise, qui peut entraîner l'insuffisance rénale dont le diabète est le premier responsable.