Des recommandations intéressantes ont sanctionné les travaux du deuxième Salon national du logement qui a pris fin dimanche. Les débats en ateliers ont été, selon les participants, riches et d'un niveau scientifique appréciable. La sécurité et la vulnérabilité du bâti a été le premier thème discuté par les experts. À ce propos, il a été proposé une meilleure perception des phénomènes sismiques pouvant affecter la stabilité des bâtiments. La proposition émane en fait du professeur Chelghoum Abdelkrim, chercheur en génie sismique, qui a mis l'accent dans sa communication sur la nécessaire introduction dorénavant dans le système de construction algérien. Il s'agit de la conception d'un bâtiment intelligent ou compétent (smart building) comme cela se fait aux USA. Ce type de bâtiment est censé répondre correctement à toutes les sollicitations dangereuses provoquées par une secousse sismique aléatoire en assurant, par le biais de ses différents composants (infrastructure et superstructure) une absorption de l'énergie sismique ainsi que sa dissipation sans aucune déformation préjudiciable à la structure globale ou aux différents éléments dont dispose ce système constructif. Il ne peut, de ce fait, y avoir effondrement ou endommagement préjudiciable du bâtiment. Les experts ont en outre suggéré la mise en place d'un système innovant relatif au choix des matériaux pour assurer au sein du bâtiment intelligent une isolation thermique et phonique acceptable, ainsi qu'une ventilation et une conservation d'un gradient thermique optimal. (Quand il fait chaud, il y aura une ventilation et quand il fait froid, il y aura de la chaleur). Le second volet discuté avec passion par les participants concerne la maîtrise d'ouvrages où toutes les responsabilités ont été décrites, critiquées et analysées. Ce qui a donné lieu à des suggestions à même de mettre à niveau cette mission fondamentale de l'acte de bâtir. À ce propos, une certaine convergence d'idées entre les spécialistes indépendants et les responsables des OPGI a été dégagée. Les deux parties se sont mises d'accord sur la nécessité d'effectuer des études de sol très poussées avant même de lancer des appels d'offres. En termes plus clairs, il faut affiner et parfaire toutes les études du projet avant de commencer sa réalisation comme il a été fait durant les deux décennies précédentes. Accorder plus de temps aux études faut que les études durent, estime le Pr Chelghoum, trois fois plus que la durée de réalisation d'un bâtiment. Ainsi, un projet qui nécessite une année de réalisation doit faire l'objet d'études techniques poussées d'une durée de 2 à 3 ans et non pas le contraire. Or, actuellement, l'étude est finalisée en 3 mois, tandis que la réalisation dépasse les 10 ans pour certains projets. Les experts soulignent également que l'architecte et l'ingénieur doivent participer avec les responsables politiques pour la mise en œuvre des projets. Mais la réalité du terrain est tout autre : le politique décide et puis le technicien est appelé pour entériner la décision quand bien même elle serait aberrante et infaisable. L'autre thème traité lors de ces deux journées touche à la formation de l'architecte et de l'ingénieur en génie civil. Plusieurs défaillances dans le système de formation de ces deux catégories de spécialistes ont été ciblées et discutées par des enseignants de l'université Houari-Boumediene (USTHB) et de l'école polytechnique (EPAU). Ces derniers ont soulevé des remarques pertinentes. Pour eux, la formation de l'architecte doit correspondre à celle d'un maître d'ouvrage réel, créateur de l'œuvre et non un simple technicien doté de quelques notions d'architecture et d'urbanisme. Les participants ont, par ailleurs, émis des réserves quant à l'application du système de formation licence, mastère, doctorat (LMD) à l'université. Car, selon eux, rien n'a été préparé pour cela, les passerelles n'ont pas été définies et le personnel enseignant n'a pas suivi de formation adéquate pour pouvoir enseigner ce type de système. La sociologie de l'habitat a été aussi au centre des débats lors de ce salon. Il a été constaté que les programmes de logements ont été conçus et réalisés en occultant l'aspect sociologique. La conception des logements doit désormais prendre en considération le changement social que connaît le pays. Si ces appartements sont inadaptés en quantité et en qualité, ils provoqueront des tensions et des frustrations sociales. La création d'un dispositif d'écoute sociale, à l'image des autres observatoires de l'habitat réalisés, est de mise. La catégorie des handicapés doit être prise en compte dans la réalisation de ces logements. Cette somme de recommandations se veut, pour reprendre l'expression d'un participant, une réconciliation du citoyen avec l'habitat et le cadre bâti. B. K.