Le dialogue entre les belligérants libyens s'est conclu avec plusieurs recommandations dont la mise en place d'une phase préparatoire de 18 mois, avant l'organisation d'élections présidentielle et législatives. La Libye a franchi une nouvelle étape dans le règlement de sa crise, avec l'annonce par les belligérants, réunis à Montreux, en Suisse, d'une "phase préparatoire de 18 mois", précédant l'organisation d'élections présidentielle et parlementaires devant clore la page sombre d'une guerre qui secoue ce pays depuis 2011. La réunion ayant regroupé les principaux acteurs libyens du 7 au 9 septembre à Montreux s'est conclue avec comme recommandation la mise en place d'"une phase préparatoire de 18 mois" en Libye durant laquelle se tiendront des élections présidentielle et législatives sur la "base d'un cadre constitutionnel qui fera l'objet d'un accord de tous", selon la déclaration finale de cette réunion qui s'est tenue sous les auspices du Centre du dialogue humanitaire et en présence de la mission onusienne en Libye (Manul). Dans le détail, cette phase "transitoire" débutera par "la recomposition du Conseil présidentiel et la création d'un gouvernement d'union nationale qui représente toutes les parties et qui consacrera ses efforts pour réunir les conditions nécessaires à la tenue d'élections nationales", selon ledit document. "Cela concerne l'exécution de la loi d'amnistie approuvée par le parlement, la facilitation du retour des déplacés et des exilés, en tant que mesure préalable nécessaire pour la réalisation de la réconciliation nationale impérieuse", ajoute le texte. La déclaration salue, en outre, la "proposition portant transfert provisoire des fonctions et des principales institutions gouvernementales telles que la Chambre des députés et le pouvoir exécutif à Syrte après la réunion des arrangements sécuritaires et logistiques appropriés". Elle appelle la Chambre des députés et le Haut Conseil d'Etat à "poursuivre leurs discussions au sujet de la question des postes régaliens, de l'élaboration du cadre électoral requis, selon un calendrier préétabli". Le document ajoute que la Mission onusienne en Libye lancera dès maintenant les préparatifs nécessaires pour la relance du "Forum du Dialogue politique libyen inclusif" et cela sera annoncé au cours de la période à venir. La réunion de Montreux appelle, dans ce contexte, la "communauté internationale à assumer sa responsabilité pour appuyer ce processus et à respecter, de manière scrupuleuse, le droit souverain du peuple libyen à l'autodétermination". Optimisme Les concertations interlibyennes tenues en Suisse interviennent après qu'un cessez-le-feu a été décrété le 21 août dernier, fruit d'une annonce faite par le président du Conseil présidentiel du Gouvernement d'union nationale (GNA) libyen, Fayez al-Sarradj, et le président de la Chambre des députés qui siège à Tobrouk, Aguila Salah. Dans une réaction aux discussions de Montreux, le Etats-Unis, via leur ambassade à Tripoli, ont salué les résultats de ces nouvelles concertations, les qualifiant de "constructives". L'ambassade américaine se dit en outre "confiante quant à un avenir meilleur" pour la Libye et que les différentes parties libyennes puissent "tenir un dialogue pacifique en respectant la souveraineté de la Libye pour parvenir à un cessez-le-feu durable, au retrait des forces militaires étrangères et des mercenaires et à la réouverture du secteur de l'énergie en toute transparence quant à la gestion des revenus du pétrole et du gaz libyens". Pour sa part, la cheffe par intérim de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Mamul), Stephanie Williams, a salué, dans un communiqué jeudi, "la bonne volonté et le dévouement manifestés par les participants libyens", qui, soutient Mme Williams, "ont saisi cette occasion pour mettre de côté leurs différends et leurs désaccords de longue date au profit d'une solution libyo-libyenne qui pourrait être mise sur la table à la faveur de la reprise prochaine de la conférence de dialogue politique libyenne facilitée par les Nations unies". La représentante spéciale par intérim du Secrétaire général de l'ONU en Libye a, en outre, souligné que la réunion consultative libyenne de Montreux "était arrivée à un tournant crucial dans une longue entreprise de recherche d'une solution globale à la crise libyenne", soutenant que "la détérioration des conditions socioéconomiques en Libye, qui a été exacerbée par le conflit acharné, la montée alarmante des cas de Covid-19, le manque de services et les pénuries d'électricité et d'eau, en plus du blocus pétrolier continu, rendent la solution pacifique d'autant plus urgente". Par-là même, Mme Williams a accueilli favorablement la proposition des participants aux consultations de transférer, à titre temporaire, à la ville de Syrte, "des fonctions et des bureaux clés du gouvernement, tels que l'autorité exécutive et la Chambre des représentants, après avoir mis en œuvre les dispositions de sécurité et de logistique appropriées". La Manul a décidé en outre de "lancer maintenant les arrangements nécessaires pour reprendre le Forum de dialogue politique libyen pleinement inclusif avec une annonce à venir".