Plus de six mois après sa désignation comme médiateur de la République, Karim Younès est sur une corde raide. Les équipes de la présidence de la République ont désigné les représentants locaux de "la médiation" sans consulter le chef de l'institution. Les installations se font d'ailleurs sans lui. Après un round d'observation qui a duré des mois, la liste des représentants locaux du médiateur de la République a été rendue publique en août dernier. La liste, constituée essentiellement d'anciens membres des équipes de campagne d'Abdelmadjid Tebboune, était en réalité prête depuis le mois de mai. Mais Karim Younès avait refusé de cautionner la liste qui lui a été envoyée par la présidence de la République, avec la signature du chef de l'Etat. "Il n'a pas été consulté", indique une connaissance de l'ancien président du panel de dialogue et de médiation. En colère, l'homme a décidé de ranger la liste dans les tiroirs de son bureau. Cela a duré plus de deux mois. Durant cette période, tous les scénarios ont été évoqués. Des informations évoquant le départ de Karim Younès ont même été diffusées. Certaines sources de la présidence de la République ont indiqué que l'homme sera limogé. Mais dans l'entourage de l'ancien président de l'APN, c'est une tout autre version qui circule : le concerné a brandi carrément la menace de démission de son poste, en raison de cette liste, mais également à cause du "manque de collaboration" d'autres institutions. D'ailleurs, dans un rapport envoyé début juin à la Présidence, Karim Younès se plaignait notamment de l'absence de financement de son institution de la part du ministère des Finances. "S'il n'a pas mis sa menace à exécution, c'est parce qu'il s'est engagé avec des citoyens qui venaient, quotidiennement, lui soumettre leurs doléances et à chaque fois, il a suscité de l'espoir en eux", a indiqué un proche de l'ancien ministre de la Formation professionnelle. Face au blocage, ce sont les walis qui procèdent, depuis quelque temps, à l'installation des délégués locaux du médiateur de la République. Un défi que lancent les équipes de la présidence de la République à Karim Younès que le "président de la République est pourtant allé lui-même solliciter" pour présider cette institution censée jouer les intermédiaires entre les institutions de l'Etat et les citoyens qui se sentent spoliés de leurs droits. Mais ce bras de fer aura certainement une issue qui devrait se formaliser par le remplacement de l'actuel médiateur de la République. Reste à savoir si cela prendra la forme d'une démission ou d'un limogeage.