Si les étudiants islamistes se sentent aujourd'hui en état d'imposer leur loi dans les campus, c'est qu'ils sont quelque part encouragés. Les campus sont de nouveau en proie aux démons de l'islamisme inquisiteur. L'enchaînement des provocations dans les cités universitaires de Bouraoui, Tlemcen, Blida, Boumerdès ne saurait être raisonnablement ramené à l'euphémisme simpliste d'“incident”, comme tentent de le faire accroire les autorités, qui prouvent encore une fois que leur approche des problèmes est en total déphasage avec les convulsions agitant épisodiquement le corps de la société. Qu'on ne s'y trompe pas. Il s'agit bel et bien d'une poussée intégriste qui n'est pas sans rappeler ce qui s'est passé dans les années 1980, avec, en point d'orgue de la tension, l'assassinat de l'étudiant Kamel Amzal à Ben Aknoun. Le fait est là et ce n'est certainement pas le résultat d'un hasard. En effet, si les étudiants islamistes se sentent aujourd'hui en état d'imposer leur loi dans les campus, c'est qu'ils sont quelque part encouragés. À la fois par le laxisme et la complicité de l'administration qui, à sa décharge, n'a pas toujours les moyens réglementaires de faire respecter les règles du modus vivendi qui doivent prévaloir de façon à permettre la libre expression de toutes les tendances syndicales. Il est vrai qu'aujourd'hui l'air du temps est à l'islamisme que la concorde scélérate de Bouteflika a remis sur selle. En vérité, l'islamisme en tant que support théorique de la violence intégriste n'a jamais disparu des appareils idéologiques de l'Etat lesquels sont — force est de le constater — sous l'emprise exclusive des islamo-baâthistes qui savent mettre sous le boisseau leurs divergences, quand il y va de leur existence en tant que porteurs d'un modèle de société. Lors du séminaire sur le terrorisme, organisé en octobre dernier, nombre d'intervenants ont bien souligné le fait que l'islamisme en Algérie est vaincu militairement, mais pas idéologiquement. Et ce qui est en train de se dérouler dans les universités vient — malheureusement — à confirmer cette assertion qui pose en fait un problème de fond : celui de la volonté politique de venir à bout de l'hydre islamo-intégriste. Celle-ci peut encore espérer des lendemains qui chantent dès lors que notre cher Président est prêt à pactiser même avec Méphistophélès pour rester à El-Mouradia. N. S.