Ce syndicat estudiantin, affilié au MSP, exerce un véritable diktat sur les campus. Ayant éclipsé toutes les autres organisations estudiantines dont l'Unea, le satellite de l'ex-parti unique, l'Union générale des étudiants libres (Ugel) détient une situation de monopole sur les campus. Rien ne peut être entrepris par la communauté universitaire, y compris par les gestionnaires des résidences universitaires, sans son consentement. Les derniers incidents survenus à l'Institut des sciences politiques et des relations internationales à Alger sont éloquents. Une poignée de militants a pris d'assaut, durant le mois de ramadan, le siège de la direction, pour faire valoir son droit de regard sur les prérogatives et les décisions du comité pédagogique. Il y a quelques jours, l'Ugel a décidé de paralyser les campus pour dénoncer les conditions d'hébergement. Au fil des années, ces actions sont devenues un rituel. D'une part, ce genre d'initiatives permet au syndicat islamiste de faire grimper sa cote de popularité et de mobiliser les foules en perspective de l'élection des comités de cité. D'autre part, son forcing sert à faire pression sur les gérants des cités U qui se plient à ses quatre volontés sous peine de vivre dans un tumulte permanent. L'année dernière, la bataille pour le contrôle des résidences et la gestion exclusive des œuvres sociales s'est transformée en guerre sanglante. À Tlemcen et à Oran, deux étudiants en sont morts. Qui en est la cause, l'Ugel ou les autorités démissionnaires et permissives ? L'Ugel est dangereuse à plus d'un titre. D'abord, en raison de sa proximité avec le Mouvement de la société pour la paix (MSP) du défunt Mahfoud Nahnah. Ensuite, en raison de ses prétentions hégémoniques et son ton inquisiteur. Au cours d'une veillée ramadanesque en 2002, à la résidence universitaire Bouraoui d'El-Harrach, les animateurs de la section locale de l'Ugel avaient tenté d'empêcher la tenue d'un gala. L'Ugel est régie par une main de fer et des orientations claires en conformité avec la ligne du MSP. Le parti est le principal pourvoyeur de fonds du syndicat estudiantin. Il finance ses activités et organise des cycles de formation pour ses militants. Un camp installé à Douaouda abrite annuellement ce genre de manifestations. Des représentants de l'Ugel sont, par ailleurs, des cadres du MSP. Encore une fois, à qui la faute ? En réaction aux incidents d'El-Harrach, Rachid Harraoubia, ministre de l'enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, avait reconnu les déviations inacceptables de l'Ugel. Il avait même suggéré une remise en cause de son existence légale. S. L.