Le protocole sanitaire qui accompagnera la prochaine rentrée scolaire et universitaire pour l'année 2020-2021 a été approuvé récemment par le Comité scientifique de suivi de l'évolution du coronavirus. Outre les mesures d'hygiène élémentaires, celui-ci prévoit, sur le plan pédagogique, l'application du système de la double vacation dans les établissements scolaires. Une disposition accueillie froidement par les différents acteurs de l'éducation nationale, lesquels ont affiché leur scepticisme par rapport à la faisabilité de cette mesure sur le terrain. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Le ministère de l'Education nationale compte sur une nouvelle organisation dans le déroulement des cours pour espérer endiguer la propagation du virus en milieu scolaire. Le département de Ouadjaout privilégie, dans ce sens, le système de la double vacation qui consiste à dispenser les cours de la journée, en scindant l'ensemble des élèves d'une école en deux groupes bien distincts. Le premier groupe aura cours le matin pendant trois jours consécutifs, et dans l'après-midi, les trois jours qui suivent. Pour ce qui est du deuxième, il suivra les cours dans l'après-midi durant les trois premiers jours de la semaine et reprendra la matinée pour les autres jours de la semaine, en sachant que les cours seront dispensés dans les mêmes classes pour tous ces groupes. Le but de cette option est de limiter la contagion. Néanmoins, si cette disposition peut être perçue en théorie comme utile, son applicabilité sur le terrain serait moins certaine, du point de vue d'une partie des enseignants et des syndicalistes relevant de ce secteur. Pour le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura, cette voie ne constitue pas en soi une solution. «Dans ce cas en particulier, et même en temps normal, la double vacation ne sert pas à grand-chose», a-t-il soutenu. Le syndicaliste juge que la situation sera préjudiciable pour les élèves du primaire en particulier. Et pour cause, « si ces derniers avaient l'habitude de sortir de l'école aux alentours de 15h, ce système les obligera de rester en classe jusqu'à 17h30 au moins, pendant trois jours par semaine». Un état de fait qui ne fera donc que mettre une grande pression sur les élèves et les enseignants. Boualem Amoura explique, d'un autre côté, que l'origine de ce problème provient du fait de la nonchalance qui caractérise la réalisation des infrastructures scolaires. Un problème qui n'est pas nouveau, dit-il, même si la pandémie a ralenti davantage l'activité au niveau des chantiers. «Il n'en demeure pas moins que chaque année, le staff éducatif est contraint de faire face à ce problème majeur qui est la surcharge des classes», souligne-t-il, en relevant que «la double vacation a souvent été l'alternative des chefs d'établissements. Malheureusement, cela n'a fait que rendre les choses plus difficiles», regrette-t-il. II signale également que les nouveaux établissements censés ouvrir cette année ne le seront finalement pas. Chose qui risque d'exacerber le phénomène, a-t-il averti. Autant de facteurs qui font qu'il juge que cette mesure n'aura aucune utilité et n'aidera point les élèves. En ce qui concerne les universités, le protocole sanitaire appliqué comporte certaines mesures pédagogiques qui se rapprochent de la double vacation pour laquelle optera éventuellement le ministère de l'Education nationale. Il est prévu, dans ce sillage, la réduction du temps pédagogique (1 heure pour les cours, 1 heure pour les TD et 2 heures pour les travaux pratiques). La réduction du nombre des étudiants dans les groupes avait été proposée par les partenaires sociaux, mais son application semble plus difficile à réaliser au sein de ces structures, selon certains experts. D'aucuns estiment que le problème de la surcharge en général ne se pose pas de manière aussi accrue à l'université, car, pour les TD, «le nombre d'étudiants qui composent un groupe demeure acceptable, et il est tout fait possible de faire respecter les mesures barrières dont la distanciation sociale», fera remarquer un enseignant à l'université d'Alger 3. M. Z.