L'activiste politique Abdellah Benaoum, actuellement en détention à Oran, vient de protester officiellement contre le retard de programmation de l'opération chirurgicale au cœur qu'il doit subir en urgence. Maître Kerma Mohamed – qui s'est rendu à son chevet avant-hier en raison d'une rumeur donnant son client pour mort – l'a trouvé dans un état de santé déplorable. "Son état de santé s'est encore dégradé. Il doit être opéré dans les plus brefs délais", a-t-il affirmé, préoccupé qu'il est par l'état de santé de son client qui "avait des difficultés à s'exprimer". L'urgence de cette intervention chirurgicale avait été signalée en mai dernier par un médecin cardiologue qui avait constaté que l'homme avait les vaisseaux du cœur obstrués et devait être opéré le plus tôt possible. Mais pour des raisons que personne ne comprend, l'opération n'a pas encore été programmée et toutes les demandes de remise en liberté introduites par les avocats du détenu – dont la dernière en date remonte au 2 septembre courant – ont été rejetées par la chambre d'accusation de la Cour de Relizane. Le 16 juillet dernier, après qu'un médecin a déclaré que Benaoum était dans l'incapacité d'être jugé, le tribunal criminel de première instance près la cour de Relizane avait renvoyé le procès à la prochaine session criminelle, mais avait débouté, dans la foulée, la défense qui avait demandé la remise en liberté provisoire du détenu en raison de son état de santé. Un rejet contre lequel les avocats s'étaient insurgés. "Refuser d'accorder la liberté provisoire à un citoyen et militant, arbitrairement incarcéré alors que même son procès a été renvoyé à la prochaine session, après avoir constaté la détérioration de sa santé, est un double crime contre l'humanité. La loi punit toute personne qui refuse de porter secours et assistance à personne en danger", écriront-ils dans un communiqué rendu public un peu plus tard. Abdellah Benaoum, en détention préventive depuis le 10 décembre 2019, doit répondre de plusieurs chefs d'accusation dont celui d'atteinte au moral de l'armée. "La chambre d'accusation de Relizane est la seule, sur tout le territoire national, à avoir retenu ce chef d'accusation contre des hirakistes interpellés dans le cadre des manifestations contre le pouvoir", avait dénoncé Me Kerma au cours d'une précédente intervention, rappelant que trois autres personnes, à savoir Yacine Khaldi, Yacine Bounoua et Menad Larbi (tous arrêtés en novembre et décembre 2019) sont également poursuivis pour les mêmes motifs. Des appels à la libération d'Abdellah Benaoum sont régulièrement lancés sur les réseaux sociaux par les hirakistes et les défenseurs des droits de l'Homme. Une campagne intitulée "Sauvez Abdellah Benaoum", lancée durant le confinement, avait recueilli quelques milliers de signatures et les activistes continuent d'exiger sa libération et celle de l'ensemble des détenus politiques. Beaucoup souhaitent que Benaoum ne connaisse pas la fin tragique de Mohamed Tamalt ou de Kamel-Eddine Fekhar décédés en prison.