Pour désengorger les CHU, les polycliniques, dotées désormais de tous les moyens de soins d'urgence, assureront une rapide prise en charge du malade. Au moment où on parle avec insistance de la réforme hospitalière et du plan du ministre de la Santé, un nouveau dispositif organisationnel est déjà entré en application au niveau de la wilaya d'Alger. Menée par la direction de la santé publique, à sa tête le Dr Lekhal Rabia, la nouvelle réorganisation a pour objectif une rapide prise en charge du malade et par ricochet le désengorgement des structures sanitaires. Ce plan, qui couvrira, à fin 2003, toute la capitale, est lancé, selon le responsable de la DSP et ses collaborateurs, les docteurs Abada et Yala, il y a quelques mois déjà, avec une expérience pilote qui a ciblé la polyclinique de Bordj El-Bahri. Celle-ci est désormais dotée des équipements nécessaires pour accomplir sa nouvelle mission d'urgence médicale. Elle dispose de six lits d'observation, de deux bureaux pour les urgences, d'un matériel de radiologie, d'un laboratoire, d'une ambulance et des moyens de communication : le téléphone et le fax. D'autres cliniques bénéficieront également d'ici à la fin de l'année du même dispositif. Ce sont, en fait, 19 structures sanitaires qui seront dispatchées selon une carte appelée Aire géosanitaire de parrainage. Ainsi, chaque structure est liée à l'un des quatre pôles principaux définis par la direction de la santé publique. Le Dr Lekhal Rabia qui plaide pour la professionnalisation des urgences, compte, dans sa nouvelle stratégie, surtout sur “la solidarité entre les secteurs sanitaires et les CHU”, et le travail d'équipe qui, dira-t-il, donnera lieu à la coordination des soins. Ainsi, au lieu que les CHU traitent, selon son jargon, de “la bobologie”, ce sont les structures de proximité qui s'en chargeront. Une récente enquête sur les flux de malades a révélé qu'en trois jours, l'hôpital Mustapha-pacha a reçu 1 431 personnes au pavillon des urgences. Seulement, 18% ont été retenues en observation. À Zemirli, sur les 304 malades qui se sont présentés en consultation, 28% ont été admis. Par ailleurs, les urgences pédiatriques du CHU de Bab El-Oued n'ont admis que 1,5% des 262 enfants consultés. Aujourd'hui, il s'agit donc de limiter ces flux en équipant les polycliniques de moyens adéquats pour répondre aux impératifs d'urgence. Les Dr Abada et Yala parlent, en effet, de la nécessité de donner du crédit à ces structures sanitaires en procédant rapidement à la professionnalisation des urgences par le biais de la formation de médecins urgentistes. Les responsables de la direction de la santé publique d'Alger, qui s'attellent à cette réforme depuis des mois, précisent, par ailleurs, que les urgences de cardiologie sont le premier motif de consultation. À cet effet, indiquent-ils, tous les moyens seront mis en œuvre pour que les premiers soins soient administrés au niveau des structures de proximité qui seront dotées d'un matériel à même d'explorer un malade. Dans cette optique, 122 lits d'observation seront installés dans les 19 polycliniques dont le personnel médical jugera lui-même du transfert du malade à l'hôpital. Et c'est ainsi que le flux sur les CHU sera absorbé. S. R.