Le ministre de la Santé tient à rappeler qu'une première tentative de réforme avait échoué en 1983 suite à la crise économique qui avait secoué le pays. Liberté : Où en sont les réformes que vous avez entamées ? Amar Tou : Nous venons de finaliser le projet de la carte sanitaire qui sera une réalité sur le terrain dès le début de l'année 2008. Nous avons mis de l'ordre dans les missions incombant au secteur de la santé : la prévention, les soins de base et les soins nécessitant un plateau technique important. Pour la prévention et les soins de base, nous avons décidé de renforcer et de créer des salles de soins de proximité avec un médecin et un infirmier permanents. Ils seront logés sur place pour les besoins de service. Ces centres de proximité qui seront en outre dotés de moyens adéquats seront réalisés par les APC, dans les douars, les villages et les lieux-dits. Il y aura aussi des polycliniques qui seront, elles, dotées de moyens de radiologie et de laboratoires d'analyses. Des consultations spécialisées y seront assurées. Si dans les villes l'implantation d'une polyclinique est prévue pour une population de 25 000 habitants, tel ne sera pas le cas pour les régions reculées ou enclavées où les paramètres d'éloignement seront pris en considération. Les polycliniques assureront les soins de base et seront ouvertes H24. Nous avons prévu, à un niveau intermédiaire, des hôpitaux de proximité d'une capacité de 60 lits qui prendront en charge les urgences en attente de transferts vers des structures mieux équipées. Les hôpitaux publics généraux seront des structures hospitalières qui seront chargées de prodiguer des soins sur place, car les secteurs sanitaires ne sont pas retenus dans la nouvelle carte sanitaire. Les autres structures précitées seront autonomes et ne dépendront plus d'un hôpital. Les établissements hospitaliers spécialisés (EHS) au nombre de 51 aujourd'hui, en attendant la réception de 3 nouvelles acquisitions destinées à prendre en charge les grands brûlés (Alger, Arzew et Skikda), continueront à assurer leurs missions et de nouvelles structures seront créées notamment dans la spécialité mère/enfant. Enfin les Centres hospitalo-universitaires (CHU), qui assurent les soins et un enseignement aux étudiants en médecine, figurent dans la nouvelle carte sanitaire. Un nouveau CHU, prévu à Béjaïa, sera bientôt opérationnel. La nouvelle nomenclature des actes médicaux est-elle enfin prête ? La nomenclature des actes médicaux est terminée. Elle recense pas moins de 9 000 actes, alors que celle de 1987 n'en comportait que 1 500. En plus des nouveaux examens, comme le scanner et l'échographie, cette nomenclature recense tous les actes susceptibles d'être effectués en plus pour la prise en charge d'une pathologie précise. Les concepteurs de la nouvelle nomenclature ont pris en considération toutes les complications inhérentes à la prise en charge des malades dans le cadre de la contractualisation. Aujourd'hui que la nomenclature est prête, doit-on s'attendre dans un proche avenir à la révision à la hausse des consultations et des actes médicaux ? Cette révision est inévitable. Nous sommes en pourparlers avec le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale pour trouver un terrain d'entente. Bien entendu, si la révision est inévitable, il faut préserver la Caisse nationale des assurés sociaux et des accidents de travail (Cnas) qui demeure un moyen de sécurité pour les citoyens algériens. L'application des nouveaux honoraires ne se fera pas de sitôt ? Elle se fera, soyez-en sûrs, mais il faudra trouver des solutions qui ne mettront pas en péril la Cnas. Quels sont les nouveaux projets du secteur de la santé ? Nous allons créer des banques de cornées et de tissus. Il faut développer la greffe de la cornée en Algérie. Par ailleurs, nous prévoyons de mettre sur pied un institut du cœur qui sera une référence en matière de prise en charge médicale et chirurgicale des lésions liées au cœur. Toujours en matière de nouveauté, nous pensons développer les établissements spécialisés dans la prise en charge de la mère et de l'enfant. Des établissements hospitaliers spécialisés seront réalisés pour cette spécialité. Nous comptons aussi réaliser un hôpital totalement dédié à la prise de toutes les pathologies de l'enfant. Ce sera un hôpital pour enfants. Bien entendu nous comptons mener à bon port l'opération de rénovation des services hospitaliers. Les rénovations vont se poursuivre et les citoyens seront alors pris en charge dans des structures modernes. D'ailleurs, la rénovation du service de traumatologie de l'hôpital Mustapha-Pacha est par exemple une réussite. Cela a permis une meilleure prise en charge des victimes des deux attentats du 11 décembre dernier. La santé est un chantier permanent et nous comptons réaliser le programme de réformes du gouvernement. Par ailleurs, et pour appliquer, par exemple, prochainement la nouvelle carte sanitaire, le ministère de la Santé a formé 3 000 personnes depuis le début de l'année 2007, pour être opérationnelles dès le début de l'application de la nouvelle carte. Nous venons enfin de promulguer un arrêté portant sur l'homologation des dispositifs médicaux pour mettre de l'ordre dans le domaine du consommable. S. I.