Le président du RCD estime qu'à travers sa personne, c'est son parti qui est la cible d'une "cabale politique". Après le refus opposé, mercredi 24 septembre, par l'administration à la tenue de la réunion du conseil national du parti à l'hôtel Riadh de Sidi Fredj (Alger), mais qui a tout de même eu lieu, hier, en son siège national à El Biar, c'est au tour de son président de recevoir, jeudi soir, une autre mauvaise nouvelle : une demande de la levée de son immunité parlementaire introduite par le ministère de la Justice auprès de l'Assemblée populaire nationale (APN). Qu'à cela ne tienne, le président du RCD garde son sang-froid et affirme être "prêt à tout", non sans pointer du doigt "une cabale politique" visant son parti. "Ce n'est pas Mohcine Belabbas en tant que personne qui est visé, mais le président du parti. Il y a une cabale politique contre ce parti. C'est une affaire politique. Il y a toujours une coïncidence entre les positions exprimées par le RCD et les réactions du pouvoir", a-t-il expliqué lors d'un point de presse animé, hier, en marge de la réunion du conseil national. "Cette fois-ci, ils ont attendu la veille de la réunion du conseil national pour tenter de l'influencer. Vous avez tous suivi comment ils ont sorti, durant les mois précédents, d'autres affaires, dont celles des psychotropes et de la location du siège national. Mais à chaque fois, ils reculent. Il semble qu'ils veulent nous dire qu'il faut arrêter nos déclarations pour arrêter les attaques contre le RCD." Et à Mohcine Belabbas, de lancer : "Nous sommes, en tout cas, prêts à tout. " Pour lui, cette affaire de levée de son immunité parlementaire est en lien avec le dossier pour lequel il a été convoqué en juin dernier par la Gendarmerie nationale : un accident mortel d'un ressortissant marocain survenu dans une construction appartenant au président du RCD. "Je n'ai pas attendu la demande de la levée parlementaire pour répondre aux convocations et répondre, volontairement, aux questions de la gendarmerie. Cette question sera examinée par le conseil national du RCD", a souligné M. Belabbas, laissant entendre par-là qu'il n'a rien à se reprocher. Concernant la situation générale, le président du RCD a estimé, dans une allocution prononcée à l'ouverture des travaux du conseil national, que "le pays va mal" et est géré "au jour le jour". "Le pouvoir de fait réédite les faux départs qui ont fait le nid des crises cycliques vécues par le pays depuis son indépendance", a-t-il soutenu. "L'entêtement à vouloir maintenir, encore une fois, un système politique qui a fait maintes fois la preuve de son obsolescence, est, dit M. Belabbas, le contraire de la recherche de la stabilité", voire un "aveu par excellence de l'impasse dans laquelle s'est fourvoyé le pouvoir de fait". Ne s'arrêtant pas là, il a reproché au "pouvoir de fait" d'avoir instauré "l'interdiction des rencontres dans des salles et la fermeture des médias pour les voix du Hirak" dans le but d'éviter "un prolongement de cette parole qui a foisonné dans les manifestations pacifiques, les rencontres de proximité et les réseaux sociaux". "Le danger pour le système n'est pas dans des courses aux positionnements des uns et des autres, mais dans la poursuite de la mobilisation unitaire du peuple algérien pour construire le rapport de force nécessaire pour imposer une transition démocratique et autonome", a-t-il asséné. Abordant la révision constitutionnelle dont la programmation du référendum pour le 1er novembre n'est, à ses yeux, qu'une "provocation", le président du RCD a estimé que ce projet n'est rien d'autre qu'"une opération de recherche d'un nouvel équilibre clanique (....)". Pour le président du RCD, la solution à l'impasse algérienne est dans le "dépassement du système" et "la refondation de l'Etat" sur la base de "la régionalisation", la présentant comme un "impératif de survie pour la nation". S'il est favorable à l'expression plurielle en estimant que "toutes les opinions, à commencer par celles qui choquent ou qui n'entrent pas dans les normes que certains se donnent ou veulent imposer, doivent s'exprimer et trouver place pour le faire", le président du RCD n'a pas moins démenti toute compromission avec le courant islamiste comme cela lui a été reproché. "Quel militant politique démocrate, quel militant du RCD peut se revendiquer d'une alliance avec les islamistes pour gouverner le pays ? Le RCD a plus que des divergences avec ceux qui aspirent à gouverner en utilisant une interprétation de l'islam quel que soit son auteur", a-t-il expliqué. Et d'ajouter : "La citoyenneté, la conception de l'Etat, les choix économiques relèvent pour nous de l'humanisme, de l'Histoire et de la rationalité."