À Dar Abdeltif, il y a du bon mais aussi du beau au bout d'une longue période de précarité culturelle due à la Covid-19. Sur ce point, les biout (pièces) de l'ouast-eddar "papillotent" de couleurs autour de l'oriflamme fertilisante du "divin" duo d'artistes qui cohabitent ainsi dans le chic et dans la hardiesse de leur inventivité dans notre "villa Médicis". C'est là le la qui est donné dimanche 27 septembre au vernissage des expositions "Baraka" et "Papillons" qui coïncident avec la rentrée culturelle, a-t-on su de Abdelkader Bendamèche, directeur général de l'Aarc (Agence algérienne pour le rayonnement culturel). Dès lors, il y a dans une aile de la Casa Vélasquez l'artiste plasticien Ahmed Mebarki, et de l'autre côté du pavillon on trouve l'artiste photographe Rafik Zaïdi, et sur lesquels veille de sa sainte garde l'aura du saint Choaïb Abou Madyan El-Andaloussi dit Abou Madyan (1126-1197) qui a dressé sa "qobba" de "Maqam qalam el-ouali" dans le verdoyant djenane (jardin) du XVIIe siècle. À cet égard, l'artiste plasticien Ahmed Mebarki ose le challenge d'unir l'art à la félicité divine. En ce qui a trait au culte se profile dans l'humilité qu'il y a dans sa "mosaïque spirituelle", dont "L'amour divin", où cet ancien de l'Ecole régionale des beaux-arts de Azazga (2011) brave l'interdit qu'imposent les faux dévots. Autrement dit, l'art tout autant que la piété roulent sur le même essieu afin d'aboutir à une destinée commune, où il est loisible à l'âme en quête d'une douce béatitude de butiner l'extase. "Longtemps j'ai fait mien le concept de la foi d'où résulte l'effort de l'innovation et de la création de l'œuvre d'art. D'ailleurs, c'est l'intitulé de mon mémoire de fin d'études", a déclaré l'auteur de Portraits de saints, eu égard sans doute à Sidi Belloua et à l'amour qu'il voue à Bgayet ou Béjaïa, la ville sainte aux 99 saints. D'où l'auréole à l'aura du soufi qui sarcle la toile d'Ahmed Mebarki, L'homme est un chantier ouvert à Dieu. Autre challenge, l'artiste Ahmed Mebarki ose à coups de "canne de Moïse" ouvrir une bouteille de vin de Tlemcen à l'étiquette découpée dans les "réelles vieilles lettres d'amour qu'il a écrites d'une plume qu'il a trempée dans l'encre sacrée" et qu'il a gardée jalousement. D'où l'aura mystérieuse qui sarcle les toiles d'un zeste de poésie mystique de ce lauréat du 1er prix du concours national (pour professionnels) Ahmed Asselah (2016). Autre étape, celle du festival Artifariti (Sahara occidental) d'où est revenu l'artiste photographe Rafik Zaïdi, avec dans sa chambre noire un diaporama de portraits de femmes sahraouies suivis d'un message de chacune de ces dames : "Je m'appelle Khdidja Fadhli. Je veux pouvoir voyager, avoir un bon métier ; être docteur ou autre. C'est tout. Je veux visiter tous les pays du monde." Ce faisant, Rafik Zaïdi s'est fait ainsi le porte-voix de ces femmes anonymes qui ne demandent qu'à vivre tout simplement. En ce sens, le choix de la femme s'explique par le fait qu'elle est donneuse de vie, a déclaré Rafik Zaïdi, ce photographe issu de l'Ecole des beaux-arts d'Alger. Donc, autant y aller pour avoir la "baraka" d'Ahmed Mebarki et d'évaluer la vie de femmes sahraouies à l'aide d'une vidéo reportage intitulé Papillon.