Cette "Fnac à l'algérienne", qui est, selon ses gérants, le plus grand espace regroupant littérature, articles scolaires et parascolaires, encyclopédies, livres théologiques et de spécialités, se dotera, incessamment, d'une galerie d'art et d'un espace pour les rencontres littéraires. La place d'Alger s'enrichit d'un nouvel espace culturel dédié au livre et à la littérature avec l'ouverture de Nadji Megabookstore, situé dans la commune d'Hussein Dey. Cette Fnac à l'algérienne est, selon ses gérants, le plus grand espace regroupant à la fois littérature, articles scolaires et parascolaires, encyclopédies, livres théologiques et de spécialités et, sous peu, une galerie d'art ainsi qu'un espace pour les rencontres littéraires. À l'ouverture au public dans la matinée d'hier, annoncée en grande pompe sur les réseaux sociaux, il y avait foule aux abords de la station de métro de la Cité Amirouche, qui, par ailleurs, a facilité l'accès à beaucoup de personnes habitant les quartiers limitrophes. Temple de la démesure, le Megabookstore est érigé sur trois niveaux et sa devanture gigantesque est là pour aiguiller tout client qui n'aurait pas su trouver son chemin. À l'entrée, les visiteurs, qui, pour la plupart, ont eu vent de cette ouverture via les réseaux sociaux, sont accueillis par un jeune homme avec un thermomètre à la main, tandis qu'un autre offre des bonbons aux arrivants. Dispositif sanitaire oblige, les enfants, n'ayant pas encore 16 ans, sont gentiment arrêtés à l'entrée, n'en déplaise aux parents qui tentent de les consoler. Cheveux grisonnants, baskets, jeans et blouson, Drif Omar, le gérant au regard vif, veille au grain. Il est à la fois au four et au moulin, orientant tantôt des clients, tantôt instruisant quelques secondes plus tard un employé de la tâche à accomplir. Dès 11 h, les trois niveaux abritant respectivement dictionnaires, encyclopédies, livres d'histoire et de théologie, le deuxième dédié à la littérature jeunesse, et le dernier étage des ouvrages de spécialités, des mangas et des classiques littéraires ne désemplissent pas. La pluie matinale n'a décidément pas dissuadé les Algérois et même des lecteurs venus d'autres wilayas de renouer avec le livre, en cette période de disette culturelle et l'annulation du Salon international du livre d'Alger (Sila), suspendu à cause de la pandémie. "Avec ses 1 200 m2, la librairie qui fait partie du groupe d'édition El-Izza est la plus grande d'Algérie. Nous œuvrons pour que notre librairie devienne un pôle culturel. Nous misons surtout sur la diversité de nos produits. Nous comptons également introduire les ventes-dédicaces et des tables rondes littéraires, ainsi qu'une galerie, car pour nous, culture est synonyme d'échange et non pas uniquement un lieu de consumérisme." Une Fnac algérienne Des projets, le gérant et le cogérant Redouane Lemsioui en ont plein la tête. Ils expliquent à cet effet qu'en plus de l'ouverture prochaine des espaces mentionnés précédemment, le megabookstore deviendra le lieu privilégié des amateurs de high-tech et autres supports électroniques, et ce, outre un espace réservé à la vente de billets. Le groupe El-Izza, propriétaire de la librairie, n'en est pas à son premier coup d'essai. Plusieurs librairies à travers le territoire national (Oran, Béchar, Sétif, Tlemcen...) ont vu le jour depuis plusieurs années. L'expérience du groupe dans l'édition et l'importation du livre est un atout évident, puisqu'il est aussi représentant de plusieurs maisons d'éditions libanaises, syriennes égyptiennes et jordaniennes, ainsi que de l'Interforum France, filiale du groupe Editis, avec tout ce qu'il représente comme maisons d'éditon (les dictionnaires Le Robert, les éditions du Seuil, Robert Laffont, etc.). Nous retrouvons même des dictionnaires Robert édition algérienne, spécialement édité par le groupe. En ce sens, Redouane Lemsioui explique que la plus-value du Megabookstore est son catalogue, riche de plus de quatorze mille titres. "Une offre, selon lui, que le lecteur ne saurait trouver dans une petite librairie." Des guides, des Atlas et des livres d'histoire des éditions-fondatrices occupent les rayons du premier niveau. Un tour par les rayons des trois étages permet de faire le constat suivant : au Megabookstore, le livre religieux (Saint Coran, ahadith, sahih El Bukhari, etc.), ainsi que le parascolaire occupent la plus haute marche du podium des ouvrages mis à la disposition du lectorat. Si au genre théologique l'on a dédié un rayon entier au rez-de-chaussée, et, au parascolaire, tout le 2e étage, force est de constater qu'il y a redondance puisque plusieurs clients croyant trouver d'autres catégories d'ouvrages en changeant d'étage sont tombés sur les mêmes déjà consultées. À côté de cette prédominance, il y a aussi des insuffisances, notamment en ce qui concerne les ouvrages de spécialités au dernier étage. Médecine, architecture, classique de la littérature, comptabilité, mangas, des livres sur le développement personnel. L'offre, bien que présente, ne répond pas aux attentes de quelques étudiants que nous avons rencontrés. Des étudiantes en cinquième année de médecine ont par exemple constaté l'indisponibilité des titres qu'elles cherchaient. "À la place, disent-elles, nous avons trouvé des livres sur la santé en général, mais pas les ouvrages que nous cherchions dans le cadre de nos études. Mais les propriétaires ont fait savoir qu'il était possible de les commander." Malgré cela, il est important aujourd'hui d'encourager ce genre d'initiative, car, en ces temps de disette intellectuelle, ce nouvel espace vient apporter une lueur d'espoir surtout que ces dernières années, il est plus fréquent de voir des librairies fermer que d'autres ouvrir.