Sachant pertinemment qu'il leur sera impossible de travailler dans de telles conditions, les enseignants menacent de boycotter les cours. Doit-on s'attendre à un quelconque rendement avec un nombre d'élèves aussi effarant ? À chaque rentrée scolaire, dans la wilaya d'Oran, parler de surcharge dans les classes est récurrent. Mais, cette année, ce problème prend des proportions effarantes, notamment au niveau de certains établissements de la périphérie est qui compte, tenez-vous bien, 58 élèves par classe ! Ce sont les premières années du cycle secondaire des lycées Cheikh-Ibrahim-Tazi et Hamou-Boutlelis où là, on a atteint le chiffre de 44 élèves par classe, qui sont directement concernés par cette situation. Dans de telles conditions, lorsque le ministre de l'Education nationale parle de réforme, en explique les principes et les objectifs, menace les proviseurs et directeurs qui n'obtiennent pas de bons résultats, c'est à se demander dans “quelle réalité” fonctionne le département du ministre ? Cette situation unique et inique pour cette rentrée scolaire 2005 a été en premier dénoncée par les enseignants du lycée Ibrahim-Tazi qui ont menacé de n'assurer aucun cours dans des conditions aussi catastrophiques et ingérables et ce, aussi bien pour eux que pour leurs élèves. La direction de l'éducation a immédiatement tenté d'apaiser les esprits en proposant aux enseignants des solutions intermédiaires prises dans l'urgence et sous la pression. Le directeur de l'éducation de la wilaya d'Oran explique : “Il est vrai que la situation est unique, mais j'ai rencontré les enseignants et nous allons prendre des mesures provisoires pour alléger les classes… De nouvelles divisions vont être créées au niveau des lycées pour scinder en deux les classes surchargées et ce, en attendant la réception de deux nouveaux lycées l'un à Sid El-Bachir et l'autre à Chahid-Mahmoud…” Et d'ajouter : “En effet, le problème qui se pose dans ces établissements, c'est parce que ce sont des élèves qui viennent des quartiers comme Sid El-Bachir où il n'y avait pas de lycées… L'ouverture des nouveaux établissements est prévue pour la mi-octobre…”, a ajouté notre interlocuteur. L'extension de la ville d'Oran, qui a été projetée vers l'est, a donné lieu, en l'espace de 10 ans, à une urbanisation des plus chaotiques et et des plus anarchiques. Des milliers de familles, venant des quartiers délabrés d'Oran mais surtout des wilayas de l'intérieur du pays se sont installées comme ils le pouvaient à Sid El Bachir, haï Khemisti… Même la petite commune de Bir El-Djir, à l'urbanisation si spécifique des villes coloniales, est devenue une sorte de grand douar à coups de coopératives immobilières, de plans d'habitats sociaux…Et comme à chaque fois, cette gestion du développement de la ville d'Oran n'a pas été suivie d'études sérieuses sur les besoins en équipements que ces “nouvelles villes” impliquaient. Sur les plans des différents Pdau, sur le papier donc, de beaux dessins montraient l'emplacement des dispensaires, des écoles, des lycées, des annexes administratives… mais sur le terrain, rien de tout cela. Ce n'est que cette année que les autorités concrétisent les projets de création de lycées dans des quartiers périphériques (Sid El-Bachir, Nejma, Chahid-Mahmoud…). Jusqu'alors les élèves devaient parcourir plus de 5 km pour rejoindre leurs établissements situés dans les quartiers de la première banlieue d'Oran. L'on s'est retrouvé, ainsi, avec des lycées qui au fil du temps ont 58 élèves par classes. Qui dit mieux ? F. BOUMEDIÈNE