Sa convocation avait été précédée par une vague de soutien et d'indignation, particulièrement sur les réseaux sociaux : contre toute attente, le journaliste Ihsane El-Kadi, directeur du pôle éditorial des sites Maghreb Emergent et Radio M, qui s'est présenté hier au siège du commandement de la gendarmerie de Bab Jdid, n'a pas été auditionné et a pu ressortir peu après son arrivée. "La gendarmerie m'a signifié ce matin (hier, ndlr) que ma présence n'était pas nécessaire et j'ai pu ressortir immédiatement", a déclaré Ihsane El-Kadi dans une brève déclaration à certains journalistes. "Nous pensions que vous aviez un lien avec d'autres personnes, mais finalement, nous avons constaté dès hier que ce n'était pas le cas", lui aurait affirmé un officier de la brigade de Bab Jdid. "Il a pris mon numéro de téléphone au cas où ils auraient besoin de moi et m'a cordialement remercié de m'être présenté dès le lendemain de la convocation", précise le journaliste. Du coup, l'enquête "préliminaire", ayant motivé la convocation, n'aura pas lieu. Du moins, dans l'immédiat. Mais au-delà de l'interrogation sur les raisons exactes pour lesquelles Ihsane El-Kadi a été invité à se présenter dans "les meilleurs délais" devant ce corps de sécurité, la célérité avec laquelle la procédure a été abandonnée ne manquera pas de susciter d'autres interrogations. Il est, en effet, pour le moins difficile de soutenir l'argument invoqué, à savoir que les enquêteurs pensaient qu'il "avait un lien avec d'autres personnes" et qu'ils ne"se sont rendu compte que ce n'était pas le cas la veille seulement". D'autant que le corps de sécurité chargé de l'enquête est théoriquement réputé pour la rigueur de son travail. Les autorités redoutent-elles de se retrouver avec une autre "patate chaude" entre les mains après l'"affaire" Khaled Drareni ? Surtout que la convocation intervient dans un contexte préélectoral et au lendemain de la sortie du président Abdelmadjid Tebboune dans les colonnes du prestigieux journal américain New York Times et dans lequel il réitérait son engagement en faveur de la démocratie. Les enquêteurs ont-ils reçu l'ordre de renoncer à l'enquête ? En tout cas, l'abandon de la procédure, après le boucan suscité, donne à lire que la convocation du journaliste, dont les sites sont bloqués depuis avril dernier, semble avoir "fait désordre". Cependant, rien ne dit qu'Ihsane El-Kadi ne sera pas poursuivi après la promesse du ministre de la Communication de déposer plainte contre lui après un article jugé "diffamatoire" à l'égard du président Tebboune. K. K.