Révoltés par le féminicide de trop dont a été victime la jeune Chaïma, nombre d'Algériens ont organisé des sit-in dans plusieurs villes du pays pour crier leur colère. À Alger, plusieurs manifestantes se sont rassemblées jeudi devant la Fac centrale (Alger) pour dire non aux féminicides. Elles étaient nombreuses, soutenues par quelques hommes, à crier leur colère. "Ghadhibate âala khiyatna el maqtoulate" (Nous sommes révoltées contre l'assassinat de nos sœurs), ont-elles scandé, tout en exprimant leur colère devant les brutalités subies par les femmes et tout en rejetant toute forme de violence à leur égard. "Lla lil hogra dhid nssa" (Non au mépris envers les femmes), criaient-elles. À l'endroit des personnes n'ayant pas rejoint le sit-in, les manifestantes lançaient : "Ayouha assamitoune, antoum aydhane maâniyoune" (Ceux qui gardent le silence sont tout aussi responsables), avant d'être dispersées par la police. Pour Amel Hadjadj, féministe et l'une des organisatrices du rassemblement, ce drame est "la goutte qui a fait déborder le vase". "Nous sommes sorties surtout pour dire que les discours post-drame nous n'en voulons pas !", a-t-elle souligné. Pour elle, la peine ne va pas rendre la vie aux victimes et l'important est de travailler à ce qu'"il n'y ait plus d'autres victimes et de violence". "Il faut travailler sur l'éducation, en impliquant plusieurs ministères et en formant les gens qui travaillent dans la justice et la police", a-t-elle suggéré. À Constantine, plus d'une dizaine d'hommes et de femmes, étudiants pour la plupart, ont répondu présent à l'appel lancé par le Collectif des femmes de Constantine (CFC) pour "dénoncer les meurtres odieux de Chaïma, d'Ikram, d'Asma, d'Amira, de Razika et de toutes les autres assassinées en 2020 et "s'élever contre les violences faites aux femmes" en organisant un rassemblement à la place Colonel Amirouche (la Pyramide). Les manifestants étaient munis de photos de femmes victimes de féminicides, de pancartes et d'affiches sur lesquelles on pouvait lire : "L'impunité, c'est fini. Nous ne nous tairons plus, justice pour Chaïma", "Halte aux violences faites aux femmes, halte aux crimes, stop à l'impunité", etc. À Béjaïa, le rassemblement organisé, jeudi à la place de la Liberté d'expression Saïd-Mekbel, par le Collectif des femmes libres de Béjaïa (CFLB), pour dire "Stop aux violences faites aux femmes", a vu la présence de nombreuses femmes militantes, dont la députée du RCD, Nora Ouali, et Mme Nazila Bellouz, cadre syndicaliste de l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef). Les manifestantes étaient munies de pancartes dénonçant "les violences faites aux femmes", s'insurgeant contre "la hausse effroyable des féminicides en Algérie". À Tizi Ouzou, des dizaines de femmes du collectif Assirem Yellis n'Djerdjer ont pris part à un rassemblement devant l'ancienne mairie de Tizi Ouzou, afin de dénoncer, affirment-elles, toutes les formes de violences faites aux femmes, mais aussi réclamer justice et de nouveaux dispositifs de lois qui protégeront les femmes et leurs enfants, ainsi que la création de centres d'écoute et d'hébergement dans chaque région du pays. Appuyées par des militants associatifs et politiques, les nombreuses femmes ayant pris part à ce rassemblement ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire, entre autres, "Femmes et hommes, luttons ensemble contre toute forme de violence et de totalitarisme", "Une femme n'est jamais responsable de la violence qu'elle subit". "Cette situation n'est autre que le résultat du système éducatif et du système politique qui a marginalisé la femme avec un code de la famille qui opprime cette frange et la réduit au statut de sous-citoyenne", a estimé, Hamida, membre du collectif Assirem Yellis n'Djerdjer.