C'est un verdict qui en a surpris plus d'un par sa sévérité qui a été prononcé, hier, par le tribunal correctionnel de Fellaoucène, à Oran, dans l'affaire des "marcheurs du 5 Octobre". Les hirakistes Nasreddine Boudjenane, Hadj Bouabça, Karim Zaouch et Houari Abdelmoula — en détention depuis leur interpellation — ont été condamnés à quatre mois de prison, dont un ferme ; trois accusés qui étaient jugés libres ont écopé de six mois fermes sans mandat de dépôt ; et quatre autres, qui n'avaient pas comparu au procès, ont été condamnés par défaut à une année d'emprisonnement avec émission de mandat d'arrêt. Quant aux 13 accusés restants, ils ont écopé de six mois de prison avec sursis. Toutes ces personnes étaient poursuivies pour attroupement non armé, trouble à l'ordre public et outrage à institutions de l'Etat, chefs d'accusation pour lesquels le procureur de la République avait requis six mois de prison ferme lors du procès en citation directe qui s'est déroulé le 7 octobre dernier. Le lundi 5 octobre, à l'instar de plusieurs villes d'Algérie, des hirakistes d'Oran ont tenté d'organiser une marche pour commémorer les événements de 1988. À peine avaient-ils parcouru quelques dizaines de mètres dans le quartier de Seddikia, que les premiers véhicules de police sont apparus, les contraignant à fuir à travers les venelles de la cité Point du jour. S'en est suivie une vague d'interpellations qui a touché une trentaine de personnes déférées dès le lendemain devant la justice pour un procès en comparution directe qui sera renvoyé au mercredi par le président d'audience qui n'avait pas pu étudier le dossier. Dans l'attente, le magistrat placera sous mandat de dépôt Nasreddine Boudjenane, Hadj Bouabça, Karim Zaouch, Houari Abdelmoula et le reste des accusés sous contrôle judiciaire. D'autres hirakistes, qui n'avaient pas été arrêtés, ont été déclarés en fuite. Lors du procès, la plupart des prévenus ont nié leur participation à la marche, affirmant avoir été injustement arrêtés alors qu'ils se trouvaient à Point du jour, leur quartier de résidence ; d'autres accusés ont admis avoir pris part à la manifestation tout en rejetant les accusations portées à leur encontre. "J'ai pris part à la marche parce que les slogans appelaient à l'indépendance de la justice, à la liberté de la presse et à un Etat civil", a déclaré, depuis la prison d'Oran, Nasreddine Boudjenane, professeur à l'université de Belgaïd.