Les organisations syndicales du secteur et les associations de parents d'élève restent sceptiques quant à la capacité des établissement scolaires à faire face à la rentrée au moment où les chiffres de la pandémie repartent à la hausse. À quelques jours de la rentrée scolaire, prévue pour le 21 octobre pour le cycle primaire, nombre de syndicats du secteur tirent la sonnette d'alarme quant à la situation d'indigence matérielle des établissements scolaires, en s'interrogeant sur la possibilité d'organiser la rentrée scolaire dans de telles conditions. Ainsi, le président du Syndicat national autonome des professeurs d'enseignement primaire (Snapep), Mohamed Lamine Hamidet, estime que les écoles ne sont pas prêtes à recevoir les élèves à la prochaine rentrée. "Les enseignants n'ont pas tort de dire que l'on ne peut assurer la rentrée à la date indiquée", affirme-t-il, arguant la faiblesse des moyens mis à la disposition des établissements scolaires par les communes,qui,elles-mêmes déjà souffrent de la faiblesse du budget et des dysfonctionnements dus à l'absence de règles de bonne gestion. Et si durant les années précédentes, elles ne pouvaient pas mettre à la disposition des écoles les moyens nécessaires, chaises, tables, etc., avec la pandémie, la situation risque d'empirer. Il y a un manque d'intérêt pour l'école, à telle enseigne que "jusqu'à présent, il y a des P/APC qui n'ont même pas encore rendu visite aux établissements scolaires et ne savent même pas de quoi il retourne, alors que l'école doit bénéficier de tous les égards", assure-t-il, en outre. Cet avis est partagé par le président de l'Organisation nationale des parents d'élèves (ONPE), Ali Benzina, qui rappelle qu'en dépit de son insistance auprès des responsables du ministère de l'Education nationale sur la nécessité d'une préparation rigoureuse de la rentrée scolaire, "on ne peut que constater sur le terrain qu'il n'y a pas eu, au préalable, de préparation dans les régions de l'intérieur ou du sud du pays, y compris même dans certains quartiers périphériques de la capitale", soutient-il, en citant l'exemple d'un directeur d'établissement à Baraki, qui s'est plaint d'avoir 4 classes dépourvues de tables et de chaises, et soutient n'avoir reçu aucune goutte d'eau de Javel, alors que l'établissement en manque cruellement. D'autres établissements, à l'instar de l'école Malek-Ibn Nabi à Sidi Moussa, ont entamé des travaux de maintenance qu'ils n'ont pas achevés. Cela l'amène à se demander : "Mais où sont donc passés le P/APC, le directeur de l'éducation et les responsables du secteur ? Pourquoi ont-ils laissé passer sept mois sans se préparer aux différents scénarios ? Ils savent qu'au premier jour de la rentrée, environ 6 millions d'élèves vont rejoindre les bancs de l'école". Alors que le porte-parole du Cnapeste, Messaoud Boudiba, déplore qu'à quelques jours de la rentrée, aucune indication rassurante quant aux conditions sanitaires et aux moyens matériels n'a émané de la tutelle, le coordinateur national du Syndicat des professeurs d'enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Meriane, juge que "le protocole proposé par le ministère est très compliqué à appliquer sur le terrain". "Il s'agit donc de bien réfléchir au maintien des dates de la prochaine rentrée, car il y va de la santé de nos enfants et de la population en général", indique-t-il, évoquant "une équation très complexe". "D'un côté, l'enfant ne peut pas encore se permettre de passer une année sans instruction. Donc, il s'agit de mettre en place les moyens pour la réussite de l'année scolaire". Et d'un autre côté, "il ne reste que 5 jours pour la rentrée, et il n'y a pas d'effervescence pour la rentrée scolaire du point de vue sanitaire. Il y a un laisser-aller total. Les écoles sont fermées, pas de nettoyage, pas de désinfection des classes, l'eau n'est pas disponible". Cela étant, même s'il est vrai que les moyens matériels mis à la disposition des écoles sont en deçà des attentes, "on ne devrait pas chercher que les moyens pour assurer la rentrée scolaire", préconise, quant à lui , le coordinateur du l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef), Sadek Dziri. Selon lui, "il s'agit de relever le défi pour que les élèves ne soient pas privés d'école. Il s'agit d'assurer d'abord la rentrée scolaire avec les moyens dont on dispose, en tenant à l'application stricte du protocole sanitaire, notamment la distanciation physique et d'être vigilants pour prendre la décision idoine le moment venu", et ce, "au cas par cas, et en fonction de la situation de chaque wilaya, de chaque commune ou de chaque établissement, comme c'est le cas dans certains pays". "Mais de là à se résigner avant même la rentrée, je considère que ce n'est pas le meilleur avis qu'on pourra donner", conclut-il.