L'ancien député du Parti des travailleurs Djelloul Djoudi a été condamné, hier, par le tribunal de première instance d'El-Harrach, à une peine d'emprisonnement de trois mois avec sursis, assortie d'une amende de 50 000 DA (le représentant du ministère public avait requis le jour du procès le 9 octobre dernier le double de la peine infligée). Le président de la section correctionnelle a ainsi confirmé le délit de diffamation à l'encontre de Nadia Labidi. L'ancienne ministre de la Culture avait déposé plainte, en mai 2019, contre le cadre du PT, à la suite de ses déclarations dans un quotidien national, dans lesquelles il avait commenté des poursuites judiciaires contre la secrétaire générale du parti, Louisa Hanoune, pour des faits remontant à 2015. Le secrétariat permanent du bureau politique du Parti des travailleurs a réagi à la sentence qu'il a qualifiée "d'étrange et d'incompréhensible", dès lors que "les avocats du PT ont démontré, preuves à l'appui, que Djelloul Djoudi n'a fait qu'exercer, dans le cadre de son mandat de député à l'APN, le contrôle parlementaire sur l'action du gouvernement, notamment sur les questions de conflit d'intérêt, et que dans ce cadre, il jouissait de l'immunité parlementaire". Il a assimilé la condamnation de Djelloul Djoudi à un acte "qui criminalise le contrôle parlementaire effectif sur la gestion des affaires publiques". Il a annoncé que le collectif de défense fera appel à la décision rendue en première instance, dans les délais réglementaires. La genèse de l'affaire remonte à la séance plénière d'avril 2015 consacrée à l'examen du projet de loi portant régulation du marché du livre. Le groupe parlementaire du Parti des travailleurs, très virulent lors des débats, a accusé Mme Labidi, en charge du département de la Culture à l'époque, d'avoir abusé des prérogatives et de l'influence que lui confère son statut de membre du gouvernement pour accorder de larges privilèges à l'entreprise familiale et à des proches. La ministre a aussitôt déposé plainte pour diffamation contre Louisa Hanoune. Protégée par son immunité parlementaire, la SG du PT n'a pas été inquiétée par la justice, jusqu'au mois de mai 2019, lorsque Nadia Labidi a réactivé sa plainte. Elle a saisi l'opportunité du renoncement volontaire de son antagoniste à son mandat à l'APN pour le faire. Le 26 juillet 2020, Mme Hanoune avait été auditionnée par le juge instructeur près le tribunal de Sidi M'hamed dans le cadre de cette affaire. Elle est dans l'attente de son procès.