L'Algérie devient de moins en moins exigeante quant aux caractéristiques du blé qu'elle importe auprès de ses fournisseurs. L'Office national interprofessionnel des céréales (Oaic) a, en effet, pris la décision d'assouplir son cahier des charges pour le blé en provenance de l'étranger. L'Office a même autorisé les importations en provenance de Russie. Ce pays, considéré comme l'un des plus grands exportateurs de blé au monde, a fait pression pour accéder au marché algérien, l'un des rares grands importateurs auxquels il n'avait pas accès jusque-là. L'Algérie reste pour le moment le premier marché d'exportation du blé français. L'Hexagone demeure, est-il reconnu, le principal fournisseur de blé de notre pays. L'Algérie a, néanmoins, assoupli certaines spécifications, permettant aux négociants de proposer du blé russe et d'autres blés de la mer Noire dans le cadre d'appels d'offres pour des céréales à plus forte teneur en protéines à partir de septembre. Selon l'agence Reuters, notre pays a, effectivement, changé son niveau de tolérance pour 12,5% de blé protéiné à 0,5% de dégâts d'insectes dans les appels d'offres de 0,1%, un niveau que la Russie et les autres fournisseurs de la mer Noire ne peuvent généralement pas atteindre. Moscou a, en tout cas, déjà déclaré qu'il souhaitait que l'Algérie assouplisse davantage sa tolérance aux dommages causés par les insectes, soit jusqu'à 1%. Or, il se trouve que les prix pratiqués par le fournisseur russe ont connu une hausse depuis trois semaines. Son blé n'a pas encore remporté un seul contrat d'approvisionnement à destination de l'Algérie car ses tarifs à l'exportation ont augmenté depuis début octobre. C'est dire que l'Algérie n'a pas encore profité des concessions qu'elle a accordées à ses partenaires en assouplissant davantage les dispositions de son cahier des charges relatif au blé. "Nous voulons que les Russes soient plus agressifs s'ils veulent pénétrer notre marché du blé", a déclaré l'OAIC lors d'une conférence en ligne, rapporte Reuters. Cela étant, l'OAIC a acheté mercredi dernier environ 550 000 à 600 000 tonnes de blé meunier dans le cadre d'un appel d'offres. Le blé à expédier en novembre peut provenir d'origines facultatives, mais il est peu probable qu'il provienne de Russie, ont déclaré des négociants, repris par l'agence de presse britannique. La production céréalière nationale de 2020 est évaluée, indique un rapport de la FAO, à un niveau supérieur à la moyenne de 5,6 millions de tonnes, soit environ 8% de moins que le niveau record de 2019. Les conditions de croissance favorables dans les régions du nord-est du pays ont compensé certains déficits de production dans les régions de l'Ouest qui ont été affectées par des conditions météorologiques sèches. Même les années où la production nationale est abondante, l'Algérie dépend fortement des importations de céréales, le blé tendre étant le plus important. Au cours des cinq dernières années, les besoins d'importations du pays étaient en moyenne de l'ordre de 7,9 millions de tonnes de blé tendre par an, ce qui représente environ 70% de la demande locale. En raison de la stabilité des approvisionnements intérieurs et des stocks adéquats constitués, les besoins d'importations de blé pour la campagne de commercialisation 2020/21 (juillet/juin) sont projetés à 7 millions de tonnes, légèrement en dessous de celles (importations) réalisées durant l'exercice 2019. Le pays, faut-il le souligner, importe du blé de France, du Canada, d'Allemagne, des Etats-Unis d'Amérique, d'Espagne et du Mexique.