Depuis toute une décennie, une décennie rouge, car trop de sang a été versé et cela continue encore, au moment où les peuples aspirent à la paix, la vraie paix et au développement, le peuple algérien subit les affres d'un terrorisme intégriste qu'on n'aurait jamais imaginé qu'il atteindrait cette ampleur ni que les massacres pouvaient atteindre un tel degré d'horreur, une telle forme de bestialité. Des femmes ont été violées, puis massacrées par milliers, des femmes enceintes ont été éventrées, des bébés égorgés, brûlés et certains d'entre eux ont été saisis par les pieds pour fracasser leurs crânes contre les murs… Des familles entières ont été passées au couteau, des mères ont été égorgées devant leurs enfants, des enfants ont été égorgés devant leurs parents… Le couteau et la hache sont leurs armes de prédilection. Amnésiques, réveillez-vous ! Le vent de la démocratisation qui avait soufflé les vingt dernières années était animé dans une Algérie qui voulait regarder vers l'avenir. Mais des courants rétrogrades, qui affirmaient que la démocratie était une hérésie, ont été légalisés sous forme de partis politiques, et ont profité des failles de la démocratie pour endoctriner les jeunes et les orienter vers une culture de la haine envers tous ceux qui pensaient autrement. Les incompatibilités de leur programme avec le projet démocratique, qui prône les valeurs de tolérance, allaient engendrer un climat de violence et évoluer vers la constitution d'une source permanente d'insécurité. Depuis, il y a ce sentiment de totale incompréhension face à des actes qui défient toute explication rationnelle. La femme, une menace qui pèse sur la pureté religieuse ! La femme est devenue le sujet central de leurs discours et est perçue comme une menace qui pèse sur la pureté religieuse, telle qu'ils l'entendent par rapport à leur projet de purification “culturaliste”. La haine pour la femme — alors qu'elle est porteuse de la vie — dont la pensée et les attitudes ne correspondent pas à leurs propres normes, les a poussés à l'acte funeste. Des hordes qui s'improvisaient gardiens de la morale ont écumé les cités universitaires, pour séparer les garçons des filles et interdire à ces dernières, par la violence, de rejoindre les restaurants universitaires, mixtes. Même les bus de transport public n'ont pas échappé à leur volonté de régir un ordre nouveau qui interdit la mixité, utilisant la subversion comme arme d'endoctrinement et la violence comme moyen d'affirmer leur détermination. Les intégristes islamistes ont ensuite commencé par une escalade dans les provocations et une montée aux extrêmes. Annonce d'un nouvel ordre national interne par les islamistes Lors d'une tentative de pousser les populations à l'insurrection, les mois de mai et juin 1991, les dirigeants du FIS avaient tracé les contours du nouvel ordre national interne qu'ils promettaient d'instaurer. “Nos jeunes sont capables d'avaler des chars si on leur en donnait l'ordre.” — Promesse de dissolution du corps de la police nationale pour les remplacer certainement par les gardiens de la foi et chargés du contrôle de la conformité des comportements des populations aux normes intégristes. Bien évidemment, là encore, la femme sera leur préoccupation fondamentale. — Instaurer de nouvelles habitudes alimentaires et vestimentaires — encore la femme comme enjeu central. — Promesse de tribunaux populaires — justice expéditive avec toutes ses implications. — Interdiction d'existence, dans le paysage politique, des partis démocrates, qualifiés tous de partis laïcs et impies. C'est bien, eu égard à la menace d'instaurer un ordre intégriste, que les populations ont manifesté massivement pour rejeter ce nouvel ordre moral. La suite est connue, ce sont tous les massacres commis d'abord contre les intellectuels, les journalistes, les familles, les membres des services de sécurité, puis, tous les massacres commis contre les populations. Y a-t-il des raisons valables qui les ont fait passer à de tels actes ? Quand bien même des terroristes invoquent des motivations politico-religieuses, aucune ne pourrait justifier les viols et les massacres. Viol terroriste comme nouveau concept Le viol par les terroristes a pris une tournure endémique en Algérie. Il ne s'agit pas d'un fantasme à imputer à un cerveau malade pour accorder à l'auteur du viol des circonstance atténuantes, il s'agit d'un acte planifié à grande échelle et qui se termine généralement par des meurtres à l'arme blanche. C'est un acte d'inhumanité aggravé, excluant la femme de l'espèce humaine en la réduisant à l'esclavage sexuel. Peut-on rendre justice à ces femmes, peut-on leur faire oublier ce qu'elles ont subi, par une simple charte pleine de contradictions et qui exclut toute implication du terrorisme islamiste? Bouteflika a manqué une occasion de nous rendre justice, ce qui accroît le sentiment d'impunité qui sert de ferment à la culture de la violence et du mépris de la vie. Des terroristes qui disent avoir mené une guerre juste et se vantent des actes de mort et de viol commis à une échelle générale pour des alibis prétendument religieux ne sont pas de ceux à qui on fait lecture de leur droits, encore moins de ceux à qui on accorde l'impunité et le pardon par l'amnistie. Après toutes les tentatives de compromis durant des années, passant par la rahma, la tragédie nationale vue par Ouyahia, la concorde civile, la grâce amnistiante, l'amnistie, aujourd'hui on nous impose le projet de charte pour l'amnésie et l'impunité. Bouteflika, ce prophète attendu, disait que les personnes qui ont les mains tachées de sang ne bénéficieront jamais de l'amnistie : Abassi Madani n'a pas les mains tachées de sang, Kebir non plus, Anouar Haddam non plus... Et pourtant, ils ont été derrière la plupart des massacres en drainant derrière eux des masses et des masses de jeunes convaincus par le djihad chose, qu'on leur a inculquée dans les mosquées. Ces chiens assoiffés de sang Des récompenses pour ces chiens assoiffés de sang, ces chiens qui ne cessent d'aboyer dans nos quartiers et dans nos lieux de travail pour nous narguer, qui ne cessent de baver à la recherche d'un comportement contradictoire au leur et qui n'hésitent pas de mordre à tout moment. Quant à moi, je continuerai à vivre avec l'espoir qu'un jour justice sera rendue, cette justice qu'on appelle la déesse aux yeux bandés ! Les terroristes se sont rendu justice eux mêmes en rejoignant leurs familles qui les accueillent avec des youyous et leurs butins qu'ils ont amassés durant cette décennie, mais moi, jamais je ne retrouverai mon mari, je continuerai à vivre avec une douleur au fond du cœur et une peur qu'un jour ces terroristes islamistes reprennent les armes au sein de l'impunité. Cette charte par laquelle je ne me sens nullement concernée, est une trahison envers les victimes du terrorisme et envers les Algériens qui ont résisté pour une Algérie moderne et démocratique. Elle sera votée et approuvée par ceux qui ont les mains tachées de sang. M. Z.