Les courbes de contaminations et des patients placés en soins intensifs sont reparties à la hausse. Le ministre de la Santé a instruit les hôpitaux de rouvrir d'autres unités dédiées à la Covid-19. Pour éviter d'être submergé par la nouvelle vague épidémique qui déferle ces derniers jours, le ministère de la Santé vient d'adresser une nouvelle instruction aux chefs d'établissements hospitaliers, à l'effet de remobiliser les services médicaux face à l'épidémie qui est en train de s'emballer. La directive du ministre de la Santé sonne comme une nouvelle alerte dans les hôpitaux. L'instruction vise la réouverture d'autres unités médicales dédiées à la Covid-19 et le renforcement des services de réanimation par des lits supplémentaires, compte tenu du nombre de cas enregistrés chaque jour depuis la mi-octobre. En somme, les derniers décomptes communiqués par l'instance scientifique de veille épidémique confirment que le virus circule plus vite et pourrait s'avérer plus virulent que lors de la vague du printemps. Les courbes de contamination et des patients placés en soins intensifs repartent en fait à la hausse. Une simple tournée dans certains établissements hospitaliers du centre du pays montre que les hôpitaux sont en alerte maximale. Ces établissements affûtent leurs armes pour affronter cette nouvelle épreuve. Cette nouvelle vague que le Comité scientifique refuse de décréter comme étant la deuxième, intervient dans un contexte épidémique automnal qui favorise la propagation de la grippe saisonnière. Les spécialistes en médecine relèvent que les dommages dus à la Covid-19 conjugués à la grippe saisonnière risquent d'être plus fâcheux que ceux déplorés durant les mois de juin et juillet lorsque la pandémie avait pulvérisé le record de contagion en atteignant le seuil de 642 cas confirmés en 24 heures. La nouvelle alerte du département d'Abderrahmane Benbouzid nous rappelle celle donnée au lendemain de la réunion du 9 juillet consacrée à la crise sanitaire, lorsque le chef de l'Etat avait donné des instructions au gouvernement pour résoudre le problème des hospitalisations en dépit de la disponibilité des lits. Il avait fallu que le chef de l'Etat critique l'approche de la prise en charge de la maladie pour que les autorités sanitaires augmentent le nombre de lits réservés pour la Covid à 20 000 places à travers le territoire national. Par conséquent, il est question aujourd'hui aussi de revenir à l'organisation hospitalière de "guerre" décrétée durant le mois de juillet pour affronter les hauts pics épidémiques. "L'instruction de Benbouzid nous fait revenir au schéma du mois de juillet. On mettra en branle le même dispositif", a lâché avant-hier, en fin de journée, un jeune médecin, très épuisé, qui venait de finir une astreinte de 8h à 18h au CHU Issad-Hassani de Beni Messous. "Mon astreinte n'a pas été de tout repos. Le flux de malades pour une consultation est en train de grimper jour après jour", regrettera-t-il. Notre interlocuteur enchaîne pour tirer la sonnette d'alarme quant aux formes des cas de Covid identifiés depuis plus d'une semaine. Il expliquera qu'il y a un grand nombre de cas graves, oxygéno-dépendants, qui nécessitent une prise en charge en réanimation. "Le tableau clinique de la pathologie a changé. L'irruption cutanée et la diarrhée sont des symptômes récurrents", indiquera notre source. Un autre praticien exerçant dans le même établissement, citant un collègue qui avait fait une garde de 24 heures, avertira que "pas moins de 120 patients ont été examinés. 30 cas nécessitaient une hospitalisation et 14 autres étaient des cas sévères devant être transférés en réanimation qui affichait complet". "Un patient est mort avant d'être hospitalisé", regrettera notre interlocuteur. D'autres témoignages recueillis auprès du personnel soignant de l'EPH de Baïnem et du CHU Mustapha-Pacha font état du même constat d'afflux important de patients qui se présentent aux urgences. On nous signale que l'hôpital de Rouiba affiche complet depuis au moins trois jours. "Les 75 lits réservés au Covid-19 sont totalement occupés", soutiendra un spécialiste de l'EPH de Rouiba. Joint hier par téléphone, un praticien exerçant au CHU Abdenour-Sâadna nous informe que le manque de places commence à se faire sentir au niveau de leur hôpital. "La réanimation affiche complet, alors que nous identifions beaucoup de cas de forme sévère", regrettera notre interlocuteur avant d'imputer cette situation à la décision prise de réduire le nombre de lits en réanimation. Le personnel soignant regrette, cependant, la baisse de vigilance de ces citoyens qui se sont inscrits dans une situation de post-Covid alors que le virus continue de frapper cette fois-ci de manière très forte. Le Comité scientifique, qui guide le gouvernement dans cette crise sanitaire, devra envisager une nouvelle stratégie de lutte adaptée et de nouvelles mesures exceptionnelles plus rigoureuses, pour éviter l'affaissement du système hospitalier. Le maintien de la fermeture des frontières ne semble pas suffire pour juguler l'expansion effrénée de l'épidémie après l'apparition des nouveaux clusters épidémiques dans plusieurs régions du pays.