Pour les médecins qu'on a pu joindre hier, l'hospitalisation reste une équation à plusieurs inconnues et difficile à résoudre dans des régions qui sont en train de connaître un "boom" de l'épidémie. La nouvelle flambée de l'épidémie de coronavirus n'a pas été sans conséquences sur le système hospitalier national qui se trouve ainsi mis à rude épreuve par le flux de malades. Plusieurs unités d'hospitalisation dédiées à la prise en charge des patients, à travers le pays, sont au bord de la saturation, voire saturées, après la hausse du nombre d'atteintes à l'épidémie relevée ces derniers jours. Le personnel soignant se retrouve donc devant des situations inextricables en raison du manque de lits pour les personnes testées positives par imagerie notamment. Pour les médecins qu'on a pu joindre hier, l'hospitalisation reste une équation à plusieurs inconnues et difficile à résoudre dans des régions qui sont en train de connaître un "boom" de l'épidémie. Selon des sources concordantes, les structures hospitalières de Djelfa, de Batna, de Sétif, de Mila et d'Oran n'arrivaient pas jusqu'à hier à répondre aux demandes d'hospitalisation faites par les médecins. Plusieurs autres wilayas, à l'image de Biskra, d'Ouargla, de Mascara et de Blida, connaissent une explosion de nouveaux cas de contamination. D'ailleurs, dans différentes régions du pays, le nombre de patients confirmés par la radiologie est en train d'exploser. Selon le comité scientifique de suivi de la pandémie, le nombre de patients testés avec le scanner est passé, en 24 heures, de 14 986 cas à 15 311 patients ayant des lésions pulmonaire, soit une hausse de 325 entre samedi et dimanche. Cette évolution rapide inquiète au plus haut point les praticiens qui avertissent que la première vague de l'épidémie n'a pas encore connu d'accalmie pour évoquer l'arrivée éventuelle d'une deuxième vague. Des soignants nous ont confié que les malades nécessitant une hospitalisation immédiate ont été placés en observation dans des structures autres que sanitaires, telles les CFPA et les cités universitaires. Les situations épidémiologiques enregistrées ces derniers 24 heures font craindre un retour à la case départ après l'entrée en vigueur du plan de déconfinement total pour 19 wilayas et progressif pour 29 autres. Le discours officiel des autorités sanitaires confirme ce constat navrant dressé par les soldats aux bouses blanches sur le front de la lutte contre l'épidémie. Le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, l'a d'ailleurs reconnu sur les ondes de la Radio algérienne en indiquant que le taux national d'occupation des lits dédiés à la Covid-19 a atteint 70%. Les dernières situations épidémiologiques faites et communiquées par l'instance de veille sanitaire confirment ce tableau désolant. Les nouvelles contaminations continuent à évoluer à trois chiffres en atteignant avant-hier la barre de 140 cas confirmés en une journée par la méthode biologique PCR. Le total des porteurs testés positifs s'élève à près de 12 000 selon les tests virologiques. La courbe des patients intubés en réanimation repart également à la hausse, en franchissant la barre de 41 patients qui sont en soins intensifs. Le décompte des décès a atteint les 845. "Rien qu'au CHU Issad-Hassani de Beni Messous, sur 50 scanners faits en une seule journée, 35 clichés ont montré des lésions importantes aux poumons dont le taux d'atteinte dépasse les 50%. Et tous ces nouveaux cas nécessitent toute une hospitalisation. Mais où ? L'hôpital de Beni Messous ne dispose pour le moment que d'une cinquantaine de lits pour la Covid-19 qui sont totalement occupés", alerte un médecin assistant du CHU Issad-Hassani. Néanmoins, la problématique d'hospitalisation n'est pas posée avec acuité au CHU Mustapha-Pacha. Le directeur général de l'établissement sanitaire, Bennana Abdeslam, tente de rassurer. "Pour l'hospitalisation, on arrivera à faire face et à répondre à la demande. Les 120 lits dégagés sont occupés à hauteur de 80%. Et l'établissement a les moyens de mobiliser encore d'autres services en cas de besoin urgent", soutiendra M. Bennana. La seule inquiétude exprimée par le DG du plus grand hôpital du pays est lié à la ressource humaine, notamment à l'approche de la période des départs en congé : "Après trois mois de bataille sans relâche, il n'est pas évident de poursuivre sur la même cadence." Ce que redoutent enfin les personnels soignants c'est d'avoir à sélectionner les patients en réanimation, après l'apparition de nouveaux clusters à l'est et à l'ouest du pays.