Maintenant que l'Algérie franchit depuis quelques jours la barre des 300 contaminations en 24 heures et que certains hôpitaux semblent débordés par une nouvelle vague qui paraît plus virulente que la première, tout porte à croire qu'un nouveau schéma de restrictions des déplacements de la population n'est plus à exclure. Un schéma qui impliquerait un retour à un confinement général. D'autant que le gouvernement a passé ce week-end la vitesse supérieure quant au durcissement des mesures de contrôle de la mobilité de la population, en annonçant l'élargissement de la liste des wilayas concernées à 20 par la reconduction du dispositif de mise en quarantaine partielle à compter d'aujourd'hui samedi. Des sources proches des instances en charge de l'évaluation de la pandémie laissent croire que le recours à "l'arme suprême" de lutte contre la Covid-19 pourrait être envisagée dans les prochains jours pour espérer parvenir à atténuer l'expansion de la pandémie. Les unités de réanimation d'un bon nombre d'hôpitaux, notamment du centre du pays, affichent complet. Ce qui laisse supposer que l'on commence à enregistrer de cas graves. "L'option de confinement général du pays est remise sur le tapis, puisque cette option semble être l'unique moyen possible pour espérer éluder l'affaissement du système hospitalier national", nous confient nos sources. En fait, plusieurs pistes sont à l'étude. "Le recours à un confinement généralisé pour une période donnée serait déjà sur le tapis. Mais ce confinement généralisé doit cibler uniquement les wilayas qui assistent à la multiplication des clusters épidémiques. Autrement dit, un confinement total qui sera imposé à une dizaine de wilayas ou plus qui font face à l'augmentation exponentielle de la contagiosité. Les wilayas qui recensent zéro cas ne seront pas soumises à un couvre-feu ou une interdiction de déplacements. Le confinement général sera donc adapté", expliqueront nos sources qui poursuivent que "les instances compétentes seraient en train d'étudier les répercussions psychologiques et économiques si des restrictions sanitaires exceptionnelles venaient à être imposées à la population". Sur le plan officiel, les autorités sanitaires écartent cette éventualité extrême. Les membres du Comité scientifique et des responsables du ministère de la Santé développent un discours empreint d'assurance en précisant que "la situation est maîtrisable et gérable. Et que l'idée d'un reconfinement total et général est écarté pour le moment, mais un reconfinement partiel ne serait pas exclu si la situation s'aggravait dans certaines régions". Cependant, la gravité de la situation sanitaire, telle que brossée ces derniers jours par des virologues et autres épidémiologues, plaide manifestement pour le durcissement des mesures de contrôle des déplacements de la population. Les derniers check-up de l'instance de veille sanitaire montrent bien que les courbes de contamination sont à la hausse. Le dernier décompte présenté par le Dr Djamel Fourar a fait état d'un total de 57 332 cas confirmés positifs au Covid-19 et 1 949 décès depuis l'apparition de la maladie en Algérie, le 25 février dernier. Ce bilan dressé par le Comité scientifique ne prend pas en compte, bien sûr, d'autres patients confirmés par scanner et dont le nombre serait beaucoup plus important que ceux testés positifs par PCR. Cette tendance haussière de l'épidémie risque de s'inscrire dans la durée, puisque les épidémiologues avertissent que le nouveau coronavirus évolue ces jours-ci dans un contexte favorable à son expansion exponentielle à la veille de la saison hivernale. Le Dr Fawzi Derrar, directeur général de l'Institut Pasteur d'Algérie, n'exclut pas l'aggravation de la situation sanitaire dans les prochains jours. Lors de son passage récemment à la radio Chaîne 3, l'ex-patron du Laboratoire national de virologie appréhende l'évolution dangereuse de la situation épidémiologique dans les prochains jours. Le Dr Derrar a clairement signifié que "les jours à venir seront difficiles à gérer en raison de l'arrivée de l'hiver". Le virologue plaide enfin, avec des termes à peines voilés, pour la prise de décision même extrême, afin de stopper l'expansion du virus, alertera-t-il.