À l'heure où des bureaux de vote accueillent timidement des citoyens dans plusieurs communes de la wilaya de Bouira, dans les daïras de Haïzer, Bechloul et M'chedallah, ainsi que dans les communes d'Ath Laâziz et d'Aïn Turk, les urnes ont déjà été saccagées. Le référendum sur la Constitution n'a pas eu lieu dans 17 communes, sur les 45 que compte Bouira. Il y a des centres qui n'ont même pas ouvert leurs portes. Des dizaines de jeunes étaient mobilisés depuis la veille pour empêcher ce qu'ils ont qualifié de mascarade électorale. À Haïzer, une commune située à 9 km au nord de Bouira, les urnes ont été saccagées samedi soir. Le même scénario s'est répété dans certaines communes de M'chedallah, à l'est de la wilaya. Hier matin, hormis les villes de Haïzer et de Bechloul qui ont été le théâtre d'émeutes, dans les autres communes où le référendum n'a pas eu lieu, c'était le calme plat. Une fois les bureaux de vote saccagés, la vie a repris ses droits et les citoyens ont vaqué à leurs occupations. En revanche, à Bechloul et à Haïzer, les choses ont mal tourné. Les forces de l'ordre, qui se sont déployées pour sécuriser les centres de vote, ont tenté d'empêcher les manifestants qui voulaient y accéder. Quelques minutes après l'ouverture de l'école primaire Slimane-Cherarak, au chef-lieu communal de Bechloul, la tension commence à monter. Des jeunes se rassemblent à l'extérieur de l'école. Ils veulent fermer le dernier centre de vote de la commune. Les forces anti-émeutes n'hésitent pas à faire usage de la force pour disperser la foule. Le quartier mitoyen de l'école est devenu une arène où les forces de l'ordre et les manifestants s'affrontent. Les gaz lacrymogènes rendent l'air irrespirable. Les jeunes, excédés, répliquent avec tout ce qui leur tombe sous la main. Les affrontements se sont poursuivis jusque vers 13h. Les forces de l'ordre se retirent et les manifestants prennent d'assaut les bureaux de vote. Les urnes atterrissent dans la cour de l'école. Dans la ville de Haïzer, les autorités locales ont procédé, tôt dans la matinée d'hier, au remplacement des urnes saccagées la veille. L'information s'est vite propagée et des jeunes se sont mobilisés avant de prendre d'assaut les centres de vote. En début de matinée, l'opération de vote a été interrompue et la situation a tourné à l'émeute. Les affrontements ont duré toute la journée d'hier. Plusieurs manifestants ont été arrêtés à Haïzer. Dans la localité de Draâ Lekhmis, à quelques encablures au nord de la ville de Bouira, les forces antiémeutes de la Gendarmerie nationale ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser une foule de manifestants qui voulaient rejoindre le chef-lieu de wilaya où le vote se déroulait sans incident. Il est à souligner que les électeurs ne se sont pas bousculés au portillon hier pour le référendum sur la Constitution. Jusqu'à 14h, seulement 37 318 personnes, soit 7% du corps électoral, ont pu voter à Bouira.