La décision de boycott du procès a été prise d'un commun accord par la défense et les prévenus, ont expliqué les avocats qui, à la fin du procès, ont organisé un rassemblement de protestation sur le perron du tribunal. Le procureur de la République près le tribunal de Tizi Ouzou a requis, hier, cinq ans de prison ferme à l'encontre des 13 manifestants arrêtés par la police au centre-ville, la veille et le jour même du référendum sur la révision de la Constitution. Au terme de ce procès boycotté par la défense, et par conséquent expédié en un peu plus d'une heure, le verdict a été mis en délibéré pour le 17 novembre prochain. Le procès allait à peine débuter quand la trentaine d'avocats de la défense ont annoncé leur décision de boycott pour, ont-ils expliqué, "ne pas cautionner des abus de procédure et ne pas servir d'alibi à des condamnations décidées à l'avance". Avant d'annoncer leur décision, une première du genre à Tizi Ouzou, une déclaration a été lue à la barre par un représentant du collectif des avocats. "Devant les violations et les abus relevés par la défense durant le procès de comparution immédiate du 3 novembre dernier, notamment la décision prise par la présidente de placer sous mandat de dépôt cinq manifestants sans consulter les dossiers comme elle l'a, elle-même, affirmé avant de renvoyer l'affaire à aujourd'hui, nous, composante de la défense, dénonçons ces pratiques visant à attenter et à restreindre les libertés qui sont pourtant protégées par la loi et les conventions internationales", est-il écrit dans la déclaration lue devant les magistrats. "Le mandat de dépôt qui est censé être une procédure exceptionnelle est devenu une règle dans les affaires d'opinion, alors que la défense refuse de cautionner des simulacres de procès, refuse de légitimer des verdicts décidés en dehors de la volonté indépendante du juge et annonce son boycott de ce procès", a ajouté l'avocat chargé de la lecture de la déclaration avant de quitter la salle. Après le retrait des avocats, la présidente informe les prévenus de la possibilité de renvoi de l'affaire le temps de constituer une nouvelle défense mais peine perdue. La décision de boycott a été prise d'un commun accord entre la défense et les prévenus, ont expliqué les avocats qui, à la fin du procès, ont observé un rassemblement de protestation sur le perron du tribunal. "Nous n'acceptons pas une mascarade pareille. Notre action ne signifie pas désistement mais boycott pour exprimer notre refus de plaider dans des dossiers ficelés d'avance", a déclaré Me Kaci Rahem, un des avocats du collectif qui a qualifié le réquisitoire du procureur de "provocation", d'autant que, a-t-il déclaré, "trois des manifestants placés sous mandat de dépôt ont été arrêtés à l'intérieur de l'hôpital". Les 13 manifestants ont été, pour rappel, poursuivis pour "attroupement non armé", "destruction de biens publics", "outrage à agent de l'ordre" et "obstruction au déroulement des élections". À noter qu'un imposant rassemblement de soutien à ces manifestants a été observé devant le tribunal où un impressionnant dispositif policier a été déployé. Une quinzaine de comités de quartiers de la ville de Tizi Ouzou ont également adressé un courrier au wali de Tizi Ouzou, au président de la cour et au chef de sûreté de wilaya pour réclamer la libération sans condition de Tarik Zehraoui, Sofiane Nechak et Hakim Amirou qui sont placés sous mandat de dépôt.