Les experts de l'AIE s'attendent à ce que l'impact des mesures de reconfinement soit moins sévère que celui des mesures de confinement prises plus tôt dans l'année. La croissance de la demande mondiale de pétrole continue de pâtir de la récession dans laquelle est empêtrée l'économie mondiale, entraînant une baisse assez marquée de la consommation d'énergie dans le monde. Ces contraintes auxquelles la demande se trouve ainsi confrontée, sont soulignées en gras dans le dernier rapport en date de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Dans le but "d'endiguer la propagation" de la pandémie de Covid-19, l'Europe a, en effet, décidé d'appliquer, de nouveau, des mesures de confinement, mais cela "fait peser un risque baissier sur les perspectives de demande mondiale de pétrole et peut faire rechuter le cours du pétrole", fait observer l'AIE dans son rapport. Evidemment, dans un contexte de reconfinement, les citoyens utilisent moins leurs véhicules, le transport public fonctionne au ralenti, consommant moins d'énergie, et l'activité économique ralentit de façon considérable, faisant moins appel au pétrole. Les producteurs, désabusés, ne peuvent que constater les dégâts créés par une demande déclinante. Une situation très tendue ? Les experts de l'AIE se montrent relativement optimistes. Keisuke Sadamori, directeur de l'AIE pour les marchés de l'énergie et la sécurité, est l'un d'entre eux. Dans une déclaration à l'agence britannique Reuters, il a affirmé que l'impact des mesures de reconfinement "serait probablement moins sévère que celui des mesures de confinement prises plus tôt dans l'année". "Une grande partie du continent européen est sous confinement. Cela va certainement contribuer à avoir des effets négatifs", a-t-il souligné, sans toutefois aller jusqu'à dire que l'AIE "allait officiellement revoir ses prévisions sur la demande à la baisse". "Nous nous attendons à ce que cette fois-ci, l'impact soit moins important que lors du dernier confinement (...). Cette fois-ci, les écoles restent ouvertes et certains magasins sont encore ouverts", a-t-il dit. Les dernières prévisions de l'AIE sur la demande de pétrole remontent au 14 octobre dernier, soit avant que les principaux pays européens, dont l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni, n'imposent de nouvelles restrictions strictes sur les déplacements pour freiner la propagation du coronavirus. Au tableau des valeurs de l'or noir, une petite hausse a été observée cette semaine, liée en grande partie à l'élection présidentielle aux Etats-Unis. En effet, les cours du pétrole se sont redressés après avoir chuté à des plus bas depuis plus de 20 ans en avril, le baril de Brent évoluant actuellement autour de 40 dollars, mais rien n'est encore sûr. Les craintes persistent sur la demande et l'issue finale de l'élection présidentielle aux Etats-Unis où Joe Biden a été déclaré vainqueur sans que Donald Trump reconnaisse pour l'instant sa défaite. L'industrie du pétrole et du gaz, aux Etats-Unis en particulier, regarde le résultat de cette élection avec un intérêt énorme, a déclaré Keisuke Sadamori. "Si les démocrates prévoient une transformation radicale vers une énergie à faible teneur en carbone — si le Sénat reste aux mains des républicains — il y aura des obstacles à cette législation", a-t-il ajouté. Le niveau actuel des prix du pétrole, s'il se maintenait, devrait générer des revenus moins élevés et les pays producteurs ne peuvent s'en accommoder.