Résumé : Hacène est venu les accueillir à l'aéroport. Une fois à la maison, Rédha s'enferme dans sa chambre. Nedjma leur explique qu'il est possédé et qu'elle l'emmènera voir un cheikh. Hacène conseille qu'ils se tournent vers un psychiatre, mais Nedjma refuse. Il décide de rentrer chez lui. Mais avant il demande à Samra de faire entendre raison à sa mère. Celle-ci lui montre les photos. Samra accepte que son frère soit homosexuel, mais pas sa mère... Yemma, tu devrais essayer de dormir un peu. Demain est un nouveau jour. Tu dois être en forme pour deux. Une dure épreuve nous attend. Je vais voir Rédha avant de dormir. - Oui, assure-toi qu'il ne lui manque rien et retire la clé de sa chambre. Il n'a pas dit un mot depuis qu'on a pris l'avion, se rappelle Nedjma. J'ignore à quoi il pense. Cet esprit l'isole. Il ne doit pas rester seul. - Tu peux dormir tranquille. Je vais rester dans sa chambre, promet Samra, qui tient à discuter avec Rédha. Yemma, moi aussi, je ne veux pas le perdre. Elle quitte sa mère pour aller trouver son frère. Elle respire un bon coup. Elle retient ses larmes quand elle le trouve assis sur le tapis, la tête sur les genoux, en se dandinant de droite à gauche. - Rédha ? Khoya ? Le regard perdu et désolé qu'il lève vers elle l'achève. Elle tombe à genoux près de lui et ne peut s'empêcher de le prendre dans ses bras. - Khoya laâziz... - Pardon, pardon ! - Je n'ai rien à te pardonner, lui dit-elle. Même si c'est dur, j'accepte que tu sois différent. Mais tu restes mon frère et je t'aime. - Yemma, je lui ai brisé le cœur. J'aurais préféré mourir qu'elle ne l'apprenne. Mais c'est trop tard. Je te jure que j'ai essayé de changer. Je te jure que j'avais plusieurs fois pris mes distances. Mais c'est plus fort que moi. Sans m'en rendre compte, je me rapprochais d'eux. Pour que vous ne sachiez rien de ce que je vivais, je m'étais établi dans des quartiers où on ne me connaissait pas. Je venais rarement car je souffrais. Je vous mentais. Je jouais la comédie pour faire plaisir. Je vous aime tant ! - Je sais... - Quand j'étais venu avec Bryan, j'ai vu combien elle espérait me voir avec une femme, que je fonde une famille... Je l'ai fait pour elle, pour la rendre heureuse. J'imagine le choc qu'elle a eu. Je te jure que mon cœur est en morceaux depuis que je l'ai vue pleurer. - Et ta femme ? Tu vas bientôt être père, lui rappelle Samra. En plus de nous, tu as une femme qui t'aime. - Fadhéla est une épouse formidable. Je l'aime beaucoup. Elle est adorable. Je ne voudrais pas qu'elle sache ce que je suis réellement. Tout comme maman, elle en souffrira. Tout comme maman, elle ne mérite pas de vivre cela, dit Rédha. Le problème vient de moi. Les autres ne devraient pas en souffrir. Je n'ose plus regarder maman en face. - Khoya, pourquoi as-tu accepté de la suivre ? Tu sais comment elle veut te soigner ? l'interroge-t-elle. - Je ferai tout ce qu'elle me demandera. Elle veut que je guérisse, c'est le rôle des parents de protéger leurs enfants, de les soigner. Dans mon cas, je pense qu'il n'y a pas de remède, mais je ferai ce qu'elle voudra. Pour qu'elle ait la conscience tranquille. Va savoir ! Elle doit se remettre en question, se dire qu'elle a raté mon éducation. Dans le fond, elle n'a rien à se reprocher mais, tout comme moi, ses pensées doivent commencer par des "Et si, et si j'avais... loukan...". Samra, je veux son pardon et je ferai tout, même donner ma vie. Je ne veux pas qu'elle me renie et me bannisse de son existence. Tu comprends ? - Oui, mais je ne veux pas que tu souffres. - Ce ne peut pas être pire que maintenant. Samra l'embrasse puis se lève. - Khoya, essaie de dormir un peu. Demain, on partira tôt. - Pourquoi ? Ce n'était pas prévu que tu nous accompagnes ! - Je viens de le décider, réplique-t-elle. Sinon je n'aurai pas le cœur tranquille... (À SUIVRE) T. M. [email protected] Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.