S'exprimant à la faveur de la 22e réunion ministérielle du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), qui s'est tenue sous la présidence de l'Algérie, jeudi dernier, par visioconférence, le ministre de l'Energie, Abdelmadjid Attar, a plaidé pour la mise en place d'un "mécanisme", analogue à celui qui existe dans le domaine du pétrole, devant permettre "d'assurer la stabilité des marchés gaziers notamment en période de crise". Cette 22e réunion, a-t-il expliqué, constitue, peut-être, une occasion opportune pour soumettre cela à une "réflexion innovante", l'idée est d'explorer "les possibilités de mettre en place de tels schémas coopératifs, au profit des exportateurs, des consommateurs et de l'industrie gazière". Même si Abdelmadjid Attar ne le dit pas de manière expressive, le mécanisme dont il est question ne peut être autre que la création d'une Opep du gaz. Une idée qui est, cependant, loin de faire l'unanimité parmi les pays producteurs. Ainsi, certains pays pensent que la mise en place d'une Opep du gaz constitue un objectif atteignable et qu'il sera atteint, tandis que d'autres estiment qu'il ne serait pas intéressant de disposer d'une organisation capable d'influer sur les prix, dans un marché complètement différent de celui du pétrole. Il faut dire que les réunions successives du Forum ont montré, de manière tout à fait éloquente, que les producteurs de gaz ne sont pas en mesure de s'accorder sur la marche à suivre en matière d'organisation du marché gazier, parce que plusieurs d'entre eux ne souhaitent pas, en fait, se mettre à dos les Etats-Unis, un pays hostile à toute cartellisation de producteurs qui souhaiteraient limiter, en cas de crise, une chute des prix trop forte. Véritable épée de Damoclès pour les pays membres de l'Opep, la loi anti-cartel américaine ressort régulièrement déjà des cartons, notamment lorsque les prix de l'essence grimpent aux Etats-Unis. Cette loi pourrait, bien entendu, s'appliquer à l'Opep du gaz, si jamais celle-ci prenait forme. Pour beaucoup d'experts, le Forum doit, néanmoins, garder une perspective à long terme et se fixer un cap, plutôt que de réagir à la conjoncture du moment, même si cette dernière est mauvaise, du fait de la pandémie de coronavirus. Les prix ont continué "de baisser à des niveaux jamais vus dans l'histoire récente, créant ainsi une pression sur les volumes tarifés à l'aide de formules liées au pétrole", comme l'a relevé le ministre de l'Energie. Selon Abdelmadjid Attar, les marchés du gaz naturel souffraient déjà d'une "offre excédentaire importante lorsque la pandémie a commencé à apparaître". En 2019, a-t-il révélé, la demande de gaz naturel a augmenté de "1,8%", aidée par la "politique et les prix du carbone qui ont permis le passage du charbon au gaz". Affirmant, par ailleurs, que les risques du marché gazier, qu'ils soient liés aux volumes ou aux prix, sont uniquement supportés par les "pays exportateurs", le ministre a estimé que "ce schéma ne peut être viable à moyen et long terme". Il a, en outre, relevé que la pandémie "aura probablement un effet considérable sur les perspectives énergétiques mondiales à long terme", tout en mettant en relief le "rôle important du gaz naturel dans la satisfaction des besoins énergétiques mondiaux". Et de noter : "La demande mondiale d'énergie devrait augmenter d'environ 24% d'ici à 2050, principalement dans les pays en développement, sous l'effet de la croissance démographique, de l'expansion économique et de l'amélioration des conditions de vie."