La glissade de la monnaie nationale s'accélère cette semaine, comme le montrent les cotations hebdomadaires communiquées, hier, par la Banque d'Algérie. La valeur de l'euro a été ainsi fixée à 160,07 DA ; un plus bas historique, alors que la valeur du dollar est fixée à 134,13 DA. La tendance au repli du dinar face aux principales devises se confirme et devrait se poursuivre dans les mois à venir, puisque le cadrage macroéconomique de la période 2021-2023 anticipe une forte dévaluation du dinar par rapport au billet vert. En effet, la valeur de la monnaie nationale continuera d'enchaîner d'importants mouvements baissiers dès 2021, à raison de 142,20 DA pour un dollar en moyenne l'an prochain, 149,31 dinars/dollar en 2022 et 156,78 dinars/dollar en 2023. Depuis début juin, le dinar a cédé plus de 6% de sa valeur face à la monnaie européenne unique. Sur la même période, la parité dollar-dinar était stable ; le billet vert s'échangeant contre 134,40 durant la deuxième semaine de juin 2020 contre 134,13 cette semaine. La dévaluation du dinar est plus prononcée par rapport à la principale devise du Vieux Continent, puisqu'un euro valait 150,56 DA durant la seconde semaine de juin dernier, contre un plus bas de 160,07 DA cette semaine, marquant ainsi un repli de 10 DA en un laps de temps de cinq mois seulement. Une dévaluation de cette ampleur s'explique difficilement par le seul facteur lié à la variation des taux de change des principales monnaies sur les marchés internationaux de change. Il faut donc chercher également du côté des fondamentaux de l'économie nationale (prix du pétrole, différentiel d'inflation, dépense publique), dont l'évolution explique, en partie, la dévaluation du dinar par rapport à l'euro et au dollar. Une tendance au repli a été amorcée pa r le dinar depuis le début de l'année en cours, alors que le cours du Brent rechutait depuis janvier, atteignant 16 dollars le baril en avril dernier. Pendant que les recettes évoluaient en baisse sous l'effet de la chute des prix du pétrole, la dépense publique s'inscrivait en hausse, fragilisant davantage les positions financières internes et externes du pays. L'évolution des fondamentaux de l'économie nationale traduit ainsi en partie le mouvement baissier que connaît la valeur du dinar. La Banque centrale assumait d'ailleurs sans le moindre détour le fait que le taux de change du dinar jouait dans une large mesure son rôle d'amortisseur de chocs externes. "Afin de prévenir toute appréciation du taux de change effectif réel dommageable pour la stabilité macroéconomique à moyen terme, la relative flexibilité du cours du dinar sur le marché interbancaire des changes permet d'absorber, en partie, l'effet de la chute des prix du pétrole. Les interventions de la Banque d'Algérie sur ce marché s'inscrivent dans cet objectif stratégique", soulignait la Banque centrale dans ses dernières notes de conjoncture. Mais, depuis peu, cette institution avertissait que l'ajustement du taux de change "ne doit pas constituer le principal, voire l'unique levier d'ajustement macroéconomique" et appelait sans relâche à mettre en œuvre des réformes structurelles afin de rétablir durablement les équilibres macroéconomiques.