Le président de l'APN, Amar Saïdani, a été contraint, hier matin, de reporter pour l'après-midi la plénière consacrée au vote du projet de loi sur l'eau pour manque de quorum (174 présents au lieu du nombre minimum de 191). Le règlement intérieur de la chambre stipule, en effet, que le vote sur une loi, après constatation de l'absence de quorum, a lieu six heures après, quel que soit le nombre de députés ayant rejoint leur place dans les travées de l'hémicycle Zighoud-Youcef. En fin de compte, le bureau de l'APN a décidé d'ajourner l'adoption du projet du ministère des ressources en eau jusqu'à ce matin. La raison invoquée : le nombre élevé des amendements (plus de 100) étale la procédure de vote sur au moins quatre heures. L'autre motif est sous-jacent à la détermination des députés, toutes tendances confondues, de débouter le gouvernement sur les dispositions relatives à la concession et surtout à la tarification de l'eau. Si la commission parlementaire de l'équipement a concédé, avec l'accord du gouvernement, aux députés le rétablissement du droit d'accès à l'eau dans l'article 3 du projet de loi, elle a rejeté tous les autres amendements de fond, proposés majoritairement pas les élus du Parti des travailleurs et ceux du MSP. Le plus important est introduit dans l'article 138, lequel donne aux concessionnaires dans la gestion et l'exploitation des ressources hydriques la prérogative de fixer les tarifs du mètre cube. Les députés sont unanimes à relever les risques inhérents à cette disposition à moyen et long terme. En clair, les futurs exploitants ne feront pas dans l'action sociale. Ils chercheront à amortir d'abord leurs investissements, puis à faire des profits, colossaux de préférence. Les prix à la consommation de l'eau potable correspondront donc inexorablement au véritable coût de revient avec la nécessaire marge bénéficiaire. Même si l'Etat s'engage à assumer le différentiel, il ne pourrait le faire indéfiniment, affirment les parlementaires. En fin de parcours, ce sont les citoyens qui devront payer des factures salées. Il en résultera immanquablement des émeutes, comme celles qui ont lieu au Chili, en Bolivie et plus récemment au Maroc. Ce que les députés veulent éviter à tout prix, sauf retournement de situation en faveur du ministre des ressources en eau, Abdelmalek Sellal. S. H.