Jeudi après-midi, le régime de Khartoum a remis en liberté le Dr Abdallah Hassan Tourabi après quinze mois de détention. Sa libération est accompagnée de la levée de l'interdiction d'activer qui pesait sur son parti politique, le Congrès populaire. Le chef de l'Etat soudanais lève par la même occasion l'état d'urgence en vigueur depuis de longues années. Selon des sources gouvernementales ou partisanes, ces mesures ne sont assorties d'aucune condition préalable. Le vice-président de la formation politique de Hassan Tourabi a nié tout contact avec le pouvoir avant l'annonce jeudi matin par le général Al Bechir de ces décisions. Des observateurs de la scène soudanaise estiment qu'elles entrent dans le cadre de la mise en œuvre de l'accord conclu par le gouvernement avec le Front populaire de libération du Sud Soudan du olonel John Garang. Par contre, certains y voient une volonté du pouvoir de Khartoum de s'intégrer dans le processus de démocratisation du Grand Moyen-Orient lancé par les Etats-Unis, pour ne pas s'attirer davantage les foudres de l'Administration Bush. Pour rappel, cette dernière n'a pas cessé d'appeler à plus de sanctions contre le Soudan en raison de la situation prévalant au Darfour. À sa sortie de prison, Hassan Tourabi était entouré d'un grand nombre de ses partisans, qui ont fêté l'événement en présence de l'ancien chef du gouvernement Saddaq al Mahdi. Dans ses premières déclarations Tourabi n'a pas hésité à critiquer le pouvoir sur les libertés. “Je n'ai pas combattu pour ma propre liberté, mais pour celle de tous le peuple soudanais. Sur ce plan-là, le retard est considérable, car nombre de partis politiques demeurent encore interdits d'activité, sans oublier l'absence de la liberté pour la presse. Cette dernière est toujours sous le contrôle du pouvoir”, a notamment affirmé le patron du Congrès populaire. Il revendique une plus grande ouverture démocratique à travers le respect des droits de l'Homme et des libertés individuelles et collectives. “Il faut prendre tout cela en considération dans la nouvelle Constitution, car le projet en préparation n'y fait pas référence”, a insisté Tourabi. Les analystes locaux s'attendent à d'importants développements sur la scène politique soudanaise dans les tout prochains jours, particulièrement avec la préparation d'une nouvelle Constitution. Reste à savoir, jusqu'où le général Omar Hassan al Bechir est disposé à aller dans son entreprise. S'agit-il d'une véritable ouverture démocratique, dictée par les développements que connaît la scène internationale ou le régime de Khartoum ne cherche qu'à gagner du temps ? La réponse ne tardera pas à tomber vu les nombreuses difficultés auxquelles est confronté le régime en place. K. A.