Les autorités de transition au Soudan, qui entrent en fonction la semaine prochaine, devront partager le pouvoir dans un gouvernement d'unité nationale qui regroupe des mouvements jusqu'ici combattus par Khartoum. Le processus a été enclenché par l'accord de paix conclu avec l'ex-rébellion sudiste. Le président Omar El-Béchir, contraint par la communauté internationale, principalement les Etats-Unis, devait trouver un arrangement le 9 janvier dernier à Nairobi avec John Garang, le numéro un du Mouvement populaire de libération du Soudan, ce qui a mis fin à une guerre longue de vingt et un ans, qui était le plus long conflit en Afrique. Cet accord a établi le partage du pouvoir et des richesses. Alors que le pouvoir, le Congrès national, garde 52% des postes au gouvernement et de sièges au Parlement, l'ancienne rébellion sudiste s'octroie 28%. Le reste est distribué entre d'autres partis d'opposition mais pas influents. L'Alliance nationale démocratique, le plus important bloc d'opposition, a signé en juin un accord de réconciliation avec El-Béchir mais souhaite une répartition qui lui soit davantage favorable. Le président et John Garang, qui détiennent à eux deux 80% du nouveau pouvoir, ont écarté toute modification aux quotas durant la période transitoire. Ce partage du pouvoir entre les ennemis d'hier est, cependant, vivement critiqué à Khartoum. Aussitôt libéré, après 15 mois de détention pour participation à une tentative de coup d'Etat, l'islamiste Hassan Tourabi a lancé, le 30 juin, une offensive contre le régime de Khartoum, récusant la Constitution transitoire rédigée par El-Béchir et Garang. Le parti de l'Oumma de l'ancien Premier ministre Sadek-al-Mahdi, dont la confrérie des Mahdia est très bien implantée dans le Darfour et le Kordofan, à l'Ouest du Soudan, a également refusé de participer aux nouvelles institutions. Le parti de Tourabi et l'Oumma ont d'ailleurs formé début juin une coalition des forces nationales de 14 formations pour faire pièce à l'Alliance nationale démocratique, l'autre cartel de l'opposition. Ils assurent que leur participation aux institutions dépendra des résultats des élections générales qui doivent être organisées d'ici la fin de la quatrième année de la transition. Le scrutin de 2009 devrait redessiner le paysage politique du pays. En attendant, El-Béchir n'a pas à se faire de soucis d'autant qu'une solution se dessine au Darfour. D. Bouatta