Certaines sociétés d'assurances accordent jusqu'à 90% de remise sur les tarifs de l'assurance automobile. Est-ce la fin de la guerre des tarifs dans le secteur des assurances ? Selon des sources du secteur financier, la commission de supervision des assurances au ministère des Finances a donné son accord de principe pour la mise en œuvre d'un accord multilatéral relatif à la gestion de la branche automobile signé, en 2017, par la majorité des compagnies d'assurances activant en Algérie. L'accord prévoit, notamment, des "taux plancher" qui consistent à fixer des seuils en deçà desquels, les sociétés d'assurances ne peuvent descendre et des avantages tarifaires ou autres qu'elles ne pourront plus accorder. Le dispositif prévoit des mesures à l'encontre des sociétés qui ne respecteraient pas l'accord. Pour rappel, les compagnies d'assurances avaient paraphé un accord semblable en 2012, mais qui n'a jamais été mis en application. Certaines sociétés d'assurances accordent jusqu'à 90% de remise à leurs clients sur l'assurance automobile. Au fil du temps, le marché a perdu de son orthodoxie au profit d'une concurrence basée essentiellement sur les tarifs avec pour conséquence des retombées négatives sur la qualité des services dans le secteur. Certaines compagnies d'assurances, pour gagner des clients, utilisent comme argument principal de vente la baisse tarifaire, réduisant ainsi le volume de prime à même de garantir une prise en charge convenable des droits des assurés à l'indemnisation. Le nouvel accord prévoit des sanctions à l'encontre de la compagnie défaillante. La branche automobile, qui représente près de 55,6% du marché des assurances dommage, a vu son chiffre d'affaires baisser considérablement devant le recul important des nouvelles immatriculations du fait de la baisse sensible des importations des véhicules et l'arrêt des usines d'assemblage. Parallèlement, le taux de sinistralité est en forte hausse, ce qui accentue le déséquilibre de la branche automobile et qui, à terme, pourrait mettre certaines compagnies dans des difficultés à honorer leurs engagements. Le chiffre d'affaires de la branche automobile a enregistré un repli de 10% au premier semestre 2020, par rapport à la même période de l'exercice 2019, selon la note de conjoncture du Conseil national des assurances (CNA). La baisse affichée au terme du 1er semestre est expliquée, essentiellement, par la suspension de l'activité des usines de montage automobile, conséquence de la double crise politique (en 2019) et sanitaire (en 2020), entraînant, de ce fait, une baisse des souscriptions. L'impact direct et récent étant la fermeture de showrooms des partenaires et de certains bureaux de souscription suite au confinement imposé par l'Etat. Au-delà de la branche automobile, c'est tout le marché des assurances qui se retrouve fortement impacté par la crise sanitaire avec une régression de 12,5% de son chiffre d'affaires au premier semestre de cette année, par rapport à la même période de l'année écoulée. Le secteur a accusé une perte de 10,1 milliards de dinars de son chiffre d'affaires. Par ailleurs, la situation des créances inquiète les assureurs. Aucun chiffre n'a été avancé officiellement sur le montant des primes impayées. Ni dans les rapports de conjoncture du CNA ni dans le rapport annuel de la Direction des assurances. Mais selon des acteurs du secteur, la crise économique a amplifié le phénomène. La raison principale de ce gonflement des primes impayées serait, selon des sources, lié au crédit à l'assurance que les assureurs accordent à leurs clients. Une pratique pourtant interdite par la loi. Meziane Rabhi