L'Organisation des Nations unies n'a toujours pas réussi à désigner un successeur de Ghassane Salamé à la tête de la Mission d'appui pour la Libye (Manul), occupé depuis neuf mois par la diplomate américaine Stephanie Williams à titre d'intérimaire. Les raisons de ce blocage sont liées au veto des Etats-Unis qui ont rejeté les candidats proposés à occuper ce poste auquel se sont succédé sept diplomates en presque dix ans de guerre meurtrière en Libye. Selon le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, Moscou se dit préoccupé face à l'incapacité de résoudre la question de la nomination d'un envoyé spécial auprès des Nations unies en Libye, soulignant l'obstruction des Etats-Unis à résoudre le problème pendant plusieurs mois. Washington s'était opposé en fait à la nomination du diplomate algérien Ramtane Lamamra, appuyé par Abou Dhabi, dont l'ingérence dans le conflit aux côtés des autorités parallèles de l'Est libyen et du controversé général Khalifa Haftar a aggravé la situation dans ce pays. Il y a quelques semaines, le nom d'un diplomate bulgare, Nikolaï Mladinov, a circulé dans les médias et dans les couloirs de l'ONU à New York. Mais cette information a fini par être démentie mardi dernier par le président du Conseil de sécurité de l'ONU, le représentant permanent de l'Afrique du Sud auprès des Nations unies, l'ambassadeur Jerry Matjela, à l'occasion de l'accession de son pays à la présidence tournante des travaux du Conseil, au cours du mois en cours. Les Russes accusent les Etats-Unis d'ignorer la position de l'Union africaine et de refuser de rechercher une solution consensuelle pour régler cette question. L'Union africaine a maintes fois demandé de désigner un diplomate africain à la tête de la Manul ou du moins être associée dans le processus diplomatique, en lui permettant de désigner son propre représentant aux côtés du chef de la mission onusienne. Aucune des deux propositions et demande n'a pu être retenue, réduisant le rôle de l'organisation continentale à quasiment celui d'acteur passif dans le règlement du conflit libyen.