L'Exécutif a décidé l'octroi d'une aide financière qui couvre une partie des frais liés aux trois examens recommandés dans la démarche du contrôle de la contamination au coronavirus. Parallèlement à la polémique qui a défrayé la chronique nationale la semaine passée autour d'un supposé accord inhérent au plafonnement de prix des outils de diagnostic de la Covid-19, le gouvernement intervient et annonce ce qui apparaît comme une solution médiane visant à venir en aide aux malades souffrant de la Covid-19. Le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a, en effet, décrété, avant-hier à l'issue d'un Conseil interministériel, la mise en place d'un dispositif spécial d'amélioration de remboursement des prestations médicales relatives à la Covid-19. En sus du Premier ministre, ont pris part à cette réunion ministérielle restreinte les ministres en charge des départements de l'Intérieur, des Finances, de la Solidarité nationale, du Commerce, de la Santé, du Travail et la Sécurité sociale, ainsi que celui de l'Industrie pharmaceutique. Selon un communiqué des services du Premier ministère, il est particulièrement question de l'octroi d'aides financières aux citoyens dans les frais engagés pour les examens tels le scanner et autres tests PCR ou antigéniques, et ce, pour diagnostiquer les contaminations à la maladie qui a mis la planète entière à genoux. Affirmant s'inspirer des orientations du président de la République de la nécessité de soutenir les Algériens touchés de plein fouet par la crise pandémique, le Premier ministre a donc décidé de l'octroi d'une aide financière qui couvre "une partie" des frais liés aux trois examens recommandés dans la démarche de contrôle de la contamination au coronavirus. Les dépenses engagées au titre de l'examen du scanner thoracique Covid-19 (TDM) seront remboursées à hauteur de 5 000 DA. L'autre aide, qui est arrêtée à hauteur de 3 500 DA, sera octroyée au titre de la restitution des coûts liés au test dit RT-PCR Covid-19. Les frais engagés au titre du test rapide antigénique seront restitués, selon le "barème" de solidarité, à 1 500 DA. Il s'agit en somme d'un soutien financier direct accordé aux Algériens infectés par le virus, mais qui ont effectué des dépenses pour les tests en dehors du système de santé public. Indépendamment du niveau pécuniaire de cette "solidarité" face au coronavirus, l'initiative des pouvoirs publics mérite tout de même d'être soulignée du moment qu'elle a été décidée dans l'espoir de soulager, un tant soit peu, les bourses des Algériens en ces moments extrêmement difficiles, aussi bien au plan économique que sanitaire Autant dire que cet apport financier ne devra faire que du bien aux populations, en particulier les plus démunies qui n'arrivent pas à se faire prendre en charge dans les hôpitaux en raison de l'augmentation effrénée des cas, notamment après l'arrivée de la deuxième vague de l'épidémie. Il importe, néanmoins, de préciser que cette mesure n'entrera en vigueur qu'à compter du 1er janvier 2021, et ce, pour une durée de 6 mois renouvelable en fonction de l'évolution de la situation épidémiologique. Cependant, les nouveaux tarifs pratiqués par les centres de diagnostic de droit privé sont beaucoup plus élevés par rapport aux trois paliers de reversement des frais annoncés par le gouvernement. Il y a lieu, à ce titre, de rappeler que le dispositif de contrôle, dit test rapide antigénique, qui est en train de se frayer une place dans la "jungle" des tests de contrôle, est proposé à 3 500 DA par certains laboratoires, d'autant que les tests rapides antigéniques sont réalisés, comme les tests PCR, à partir de prélèvement dans les narines, à l'aide d'un écouvillon. Alors que le prix du test PCR chez un privé oscille entre 12 000 DA et 20 000 DA, en fonction de la marque de l'outil utilisé dans la réalisation du contrôle de contamination, que représentent 3 500 DA par rapport au palier de remboursement avancé ? Le gouvernement n'a, par contre, pas intégré le test sérologique dans la liste des dispositifs éligibles au remboursement des prestations relatives à la Covid. Rappelons au passage que le test "Reverse Transcription-Polymerase Chain Reaction" (réaction en chaîne par polymérase en français) n'est recommandé que lors de lors de la phase aiguë de la Covid-19. "Ce décalage important des prix s'explique par la qualité de l'outil utilisé dans la réalisation du contrôle. La différence est de taille, notamment quand il est question d'utiliser un produit acquis à l'international à 40, 50 ou 100 euros. En plus, il ne faut pas perdre de vue d'autres charges afférentes à l'opération de contrôle", confiera un responsable d'un laboratoire privé. Ce même constat "regrettable" reste plausible pour les scanners qui sont pratiqués deux fois et même plus, selon le seuil de remboursement annoncé. Force est de constater qu'ils sont nombreux ceux qui recourent aux établissements privés pour vérifier leur probable infection à la maladie virale qui a fait, jusque-là, plus de 1,5 million de décès dans le monde dont 2 500 Algériens. L'initiative "solidarité" du gouvernement vole, par ailleurs, au secours de la Sécurité sociale qui n'est pas en mesure de prendre en charge le remboursement de ces tests pour des raisons liées à sa trésorerie. La caisse de la Sécurité sociale pratique déjà des remboursements patrimoniaux comparativement au barème des tarifs appliqués dans le marché national des actes médicaux. Rappelons que la Sécurité sociale n'a pas révisé la nomenclature des actes médicaux depuis 1987, à l'exception des conventions portant prise en charge des interventions chirurgicales cardiaques ou les séances d'hémodialyse. Cette décision de Djerad se décline aussi comme une sorte d'arbitrage à l'issue d'une bataille d'annonces liées au plafonnement ou à la baisse de prix des tests de contrôle de la Covid-19, puisque les déclarations des uns portant sur l'aboutissement d'un accord pour la fixation des prix des tests ont été vite démenties par les syndicats. Lequel accord était tout au long de la semaine écoulée au centre d'une vive polémique.