La Kabylie s'apprête, sans doute, à sceller les retrouvailles entre le FFS et le RCD. Le chef charismatique du Front des forces socialistes (FFS), Hocine Aït Ahmed, a renvoyé l'écho au leader du RCD, Saïd Sadi, à propos d'une éventuelle collaboration pour les prochaines élections partielles en Kabylie. Invité, mardi, à l'émission “Point(s) de vue” de Berbère Télévision, le vieil opposant n'a pas exclu l'option d'une alliance avec des partis, le RCD en particulier. “Nous ne rejetons personne !” a répondu spontanément Aït Ahmed à une question bien précise de l'animateur Abderrazak Larbi-Chérif énoncée en ces termes : “Que pensez-vous du souhait de Saïd Sadi, exprimé sur ce même plateau, de voir le RCD et le FFS faire cause commune contre les listes d'indépendants lancées par le pouvoir ?” Et la réponse de Hocine Aït Ahmed, qui suggère un acquiescement, a été machinale dénotant une réelle volonté de faire barrage au pouvoir. Il tempère, cependant, son propos en précisant que “c'est à la base, les sections et les fédérations, de décider des alliances”. En clair, le leader du plus vieux parti d'opposition ne voit plus d'un mauvais œil le rapprochement entre son parti et celui de Sadi. Ce qui est, il faut le souligner, une première depuis la création du RCD en 1989 en ce sens que les deux formations phare de la Kabylie se sont, depuis le début des années 90, toujours regardées en chiens de faïence, alors qu'elles puisent leurs fondements doctrinaux dans le même réservoir de la social-démocratie. Il faut dire que l'éclosion du mouvement des archs, qui a balayé tout sur son passage, a été pour beaucoup dans cette synergie inédite qui se prépare. En l'occurrence, les deux partis font un diagnostic quasi similaire de la situation en Kabylie et pensent presque la même chose du mouvement de Belaïd Abrika. Si bien que les premiers responsables du FFS et du RCD semblent cette fois vouloir définitivement enterrer la hache de guerre pour contrer la volonté du pouvoir “d'éviter toute représentation politique réelle de la Kabylie”. Hocine Aït Ahmed est en tout cas convaincu que l'on veut “casser” cette région. Sur BRTV, il a eu des mots crus à l'endroit du président Bouteflika qu'il n'a pas hésité à qualifier de “raciste”. Plus corrosif encore, le chef du FFS lâche une véritable bombe : “En toute sincérité, Bouteflika déteste la Kabylie, il est revanchard !” Visiblement outré, Aït Ahmed est même revenu sur la fameuse réaction de Bouteflika qui avait taxé les Kabyles en 1999 de “nains”. “C'est curieux comme il aime humilier les gens… Non il n'ira pas loin”, annonce-t-il sentencieux. S'agissant de la charte pour la paix et la réconciliation, Hocine Aït Ahmed y décèle dans son contenu “un véritable transfert de souveraineté populaire jamais opéré dans l'histoire de notre pays. Ni l'Emir Abdelkader ni même le dey d'Alger n'ont osé abandonner la souveraineté du pays comme veut le faire ce monsieur” ! Pour lui, le chef de l'Etat fait tout pour “diviser” les Algériens et régner autant qu'il voudra. Transition faite, le président du FFS évoque la loi sur la libéralisation des hydrocarbures qu'il assimile à “un bradage du patrimoine national au dollar symbolique, alors qu'aucun pays du tiers monde, y compris l'Arabie Saoudite, n'a eu recours à ce procédé”. L'invité de BRTV accuse même le président de “prendre conseil de l'étranger”. Et à propos de la très controversée loi du 23 février, objet de contentieux avec la France, Aït Ahmed dénonce son instrumentalisation par Bouteflika en révélant qu'il “aura sa repentance parce que Chirac a tout verrouillé”. HASSAN MOALI