Des membres de la direction du FLN affirment être en mesure de rafler la mise en Kabylie. C'est demain que sera clôturée l'opération de retrait des formulaires de candidatures pour le compte des élections partielles du 24 novembre prochain. Ainsi, ce scrutin qui touchera, outre Tizi ouzou, Béjaïa et Bouira, des localités des wilayas de Khenchela et Laghouat, n'aura finalement lieu, que trois ans après les élections locales du 23 octobre 2002. Toutefois, à l'inverse de ces dernières où l'opération électorale a été contestée pour des raisons purement techniques, en Kabylie, l'opération électorale a été massivement boycottée, en réponse à l'appel de l'interwilayas des archs. Ce qui est à retenir de ces élections, c'est que pour la première fois, les deux frères ennemis, en l'occurrence le RCD et le FFS, songent à présenter des listes communes. Intervenant sur la chaîne Berbère Télévision, Hocine Aït Ahmed, connu pourtant pour ses positions intransigeantes à l'égard du RCD, n'a pas écarté une alliance électorale avec ce dernier, préférant toutefois laisser la base du parti décider. A noter que cette option est favorisée par les derniers développements sur la scène politique kabyle, notamment le blocage du dialogue pouvoir-archs après la déclaration du chef de l'Etat, à partir de Constantine, faisant savoir que «l'arabe demeurera la seule langue nationale» Ce qui, d'ailleurs, a été à l'origine du faible taux de participation en Kabylie. Ainsi, et après avoir été littéralement «éclipsés» par le mouvement citoyen, le FFS et le RCD et à degré moindre le FLN, le RND et le PT occupent de nouveau la scène. Le mouvement citoyen, qui, lors de son dernier conclave commence à montrer des signes d'essoufflement, se trouve ainsi dans une situation des plus inconfortables. Les dialoguistes sont accusés d'une part par les antidialoguistes, représentés par le groupe de Mechtras, proche du RCD, de s'être fait avoir par le chef de l'exécutif. Pour leur part, les formations politiques, notamment le plus vieux parti de l'opposition, a saisi l'occasion de la descente aux enfers du mouvement citoyen pour rappeler le bien-fondé de ses analyses, à propos de la nature du mouvement né du Printemps noir 2001. Il est donc clair que, aussi bien pour le FFS que pour le RCD, la disparition des archs signifierait la reprise de l'initiative politique dans la région. Autre fait inédit de cette consultation, c'est l'entrée en lice de plus d'une centaine de listes indépendantes. D'ailleurs, le leader du RCD, Saïd Sadi considère que le report de la date de clôture des candidatures ne vise en réalité qu'à donner assez de temps au FLN pour ficeler ses listes, dans les localités où il n'a aucune chance de passer. Une analyse qui sera démentie plus tard par des membres de la direction du FLN, qui affirment être en mesure de rafler la mise en Kabylie. En effet, d'après les premiers chiffres, le Front de libération nationale revient en force, à l'occasion du scrutin du 24 novembre, pour lequel il a présenté ses candidats dans les 67 communes de la wilaya de Tizi Ouzou, suivi par le Front des forces socialistes, qui s'est présenté dans 62 municipalités alors que le RCD ne se présente que dans 47 communes, talonné de près par le RND qui présente des listes dans 41 communes. A Béjaïa, c'est pas moins de 246 dossiers de candidatures pour les communes et 14 dossiers visant les APW qui ont été déposés. Onze partis politiques et 60 listes d'indépendants y sont engagés. Dans la capitale des Hammadites, le FFS vient en tête, en briguant 48 communes sur les 52 existantes. Cependant, il ne se présentera pas dans les communes de Feraoun, Darguina, Boukhlifa et Chemini. Le FFS est suivi du RND, qui se présentera dans 37 communes, devançant nettement le RCD, qui s'alignera dans 32 communes seulement. Ce qui dénote, on ne peut plus clairement la perte de vitesse de la formation de Saïd Sadi, qui, depuis son passage controversé au gouvernement a perdu beaucoup de sympathie. Il est permis, donc, de considérer que les alliances sont le seul, voire même l'unique choix pour le FFS et le RCD afin de sortir vainqueur de ce rendez- vous électoral pas comme les autres. Enfin, il ne faut pas négliger le poids du mouvement citoyen, qui, jusque-là, n'a pas encore donné de consigne de vote.