La forme d'une éventuelle convergence entre les deux partis traditionnels, le RCD et le FFS, est au centre des débats en Kabylie. Outre la réhabilitation de l'action politique au sens noble du terme, la tenue des élections partielles maintiendrait l'équilibre des forces politiques en présence. L'engouement qu'a suscité la confection des listes de candidatures aux élections locales du 24 novembre prochain participe à la réhabilitation de l'action militante partisane dénoncée par le truchement d'une manipulation des évènements tragiques du Printemps noir de 2001. C'est ainsi qu'on avait tenté de jeter le discrédit sur les partis de l'opposition démocratique et qui sont par hasard les structures les mieux implantées sociologiquement en kabylie. La présence du FFS (Front des Forces socialistes) dans plus de 110 communes et du RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie) dans quelque 88 communes à l'occasion de ces partielles peut être considérée comme une performance à mettre sur le compte de la mobilisation militante. Une performance pour la simple raison que, depuis 2001, il n'y a pas eu de vie politique et organique en Kabylie. Cela, outre les embûches administratives qui sont légion. Les formations politiques de Hocine Aït Ahmed et de Saïd Sadi sont particulièrement ciblées par le pouvoir et ses relais en Kabylie. L'acharnement sur ces deux partis animateurs de l'opposition démocratique a, à vrai dire, un double objectif : réduire leur influence qui est réelle au sein de la société pour disloquer politiquement et socialement la Kabylie et hypothéquer, par là, la perspective démocratique de la nation. Les calculs du pouvoir sont clairs là-dessus. Conscients de cet enjeu, le FFS et le RCD ont décidé, chacun en ce qui le concerne, de mettre en échec le plan échafaudé par le pouvoir. Si le président du RCD, le Dr Saïd Sadi, n'a pas cessé d'appeler à une meilleure convergence avec le parti d'Aït Ahmed, le leader du FFS n'a pas vu d'objection à une telle perspective qu'il laisse à l'appréciation des structures de base de son parti. Si l'établissement de listes communes n'a pas été possible, la surveillance du vote est en revanche souhaitée par tous. “Si le FFS et le RCD ne conjuguent pas leurs efforts, on se dirige droit vers de grandes fraudes”, prévenait Saïd Sadi dans une conférence de presse le 27 septembre dernier à Paris. Le FFS n'en pense pas moins. “Notre participation aux élections partielles vise à faire barrage à la fausse représentation politique que le pouvoir tente d'imposer à cette région par la fraude, la corruption et le chantage”, a déclaré Ali Laskri dans un entretien à notre journal. La convergence de vue à défaut d'une alliance au sens propre du terme pourrait réinstaller, en effet, la Kabylie dans son rôle de locomotive du combat démocratique. Autrement dit, une Kabylie réconciliée avec ses repères politiques et ses traditions de lutte. C'est là, tout l'enjeu politique des partielles de novembre, dont les résultats électoraux maintiendraient grosso modo l'équilibre des forces politiques en présence. Yahia Arkat