Parmi les incohérences de la “charte” qui ne cessent d'étonner, nous n'en retiendrons ici qu'une seule. On lit dans la partie dédiée aux disparus, d'un côté, “il [le peuple algérien] affirme aussi que, dans de nombreux cas, ces disparitions sont une conséquence de l'activité criminelle de terroristes sanguinaires qui se sont arrogé le droit de vie ou de mort sur toute personne, qu'elle soit algérienne ou étrangère. Le peuple algérien souverain, ajoute la charte, rejette toute allégation visant à faire endosser par l'Etat la responsabilité d'un phénomène délibéré de disparition. Il considère que les actes répréhensibles d'agents de l'Etat, qui ont été sanctionnés par la justice, chaque fois qu'ils ont été établis ne sauraient servir de prétexte pour jeter le discrédit sur l'ensemble des forces de l'ordre qui ont accompli leur devoir”. Bien entendu, on aurait tort de chercher à déceler dans ce passage une quelconque manipulation des “services” cherchant à se mettre à l'abri des poursuites judiciaires qui leur pendent au nez. Non ! C'est vraiment la conviction intime du “peuple” qui nous est livrée ici. Mais d'un autre côté, et c'est là que le peuple nous surprend, la même charte dispose, dans la même partie consacrée aux disparus, que “les personnes disparues sont considérées comme victimes de la tragédie nationale, et leurs ayants droit ont droit à réparation”. Or, on nous a suffisamment expliqué que la plupart des personnes disparues sont des terroristes qui ont disparu dans l'exercice de leurs activités criminelles. Voilà donc des Algériens considérés comme des “criminels sanguinaires” et qui sont dans le même temps proclamés “victimes de la tragédie nationale”, dont les proches sont assurés de recevoir des pensions de l'Etat au titre de …“réparation” ! Le peuple, par souci de vérité, nous a de surcroît prévenus : ils sont nombreux à être dans ce cas ! Les victimes du terrorisme et leurs familles, quant à elles, uniquement mentionnées dans le préambule de la charte, devront se contenter d'un vague soutien de l'Etat et de sa considération. C'est du moins ce qu'affirme le peuple. H. S. Universitaire