Le nombre de vols prévus depuis fin novembre pour le rapatriement des Algériens bloqués à l'étranger en raison de la fermeture des frontières à la suite de la pandémie de Covid-19 ne semble pas satisfaire la demande de nos compatriotes finalement plus nombreux qu'on le pensait à se retrouver, un peu malgré eux, loin de leurs familles des mois durant. À titre d'exemple, le vol Montréal-Alger prévu vendredi prochain a connu un pic des inscriptions sur les listes ouvertes par le consulat algérien. Plus de 1 600 personnes ont rempli le formulaire en ligne pour pouvoir être rapatriées. Un chiffre qui dépasse de loin la capacité d'un Airbus. Les inscriptions devaient se faire avant le 2 décembre. Des critères rigoureux ont été établis pour ouvrir droit à un rapatriement. La représentation consulaire a publié les critères pour avoir droit au service de rapatriement. Le rapatriement concerne les citoyens algériens alors en voyage au moment de la fermeture des frontières et dont le séjour couvert par un visa régulier et disposant d'un billet de retour ou ceux concernés par un séjour sanitaire, les étudiants, ainsi que les ressortissants résidant à l'étranger en fin de contrat de travail et devant quitter le pays d'accueil. "L'inscription sur la plateforme électronique doit être effectuée avant le mercredi 2 décembre 2020 à minuit, heure de Montréal", a précisé le consulat sur son site internet. Malgré ces critères rigoureux, les inscrits dépassent largement le nombre de places disponibles. Cet état de fait crée des situations problématiques où même des parents de personnes décédées récemment n'ont pas trouvé de places. Ainsi, une Algérienne de Tizi Ouzou, dont le mari est décédé la semaine dernière à Montréal, a fait des pieds et des mains pour trouver une place afin d'accompagner la dépouille mortelle de son époux. En vain. Une vieille dame en visite touristique pour voir son fils est retenue depuis mars dernier à Montréal. Elle se plaint d'avoir raté la campagne oléicole, une première dans sa vie de paysanne de Haute-Kabylie. D'autres compatriotes endeuillés par le décès d'un proche n'ont pas pu assister à l'enterrement des défunts. Cette situation a créé un sentiment de frustration chez des ressortissants qui n'ont qu'un seul souhait : rentrer au bled. Une situation qui a poussé des Algériens à manifester leur colère comme ce fut le cas à Paris récemment. Contrairement aux nationaux bloqués à l'étranger, les ressortissants résidant à l'étranger se trouvant en Algérie avant la fermeture des frontières ont eu plus de chance. Même les nouveaux immigrants qui ont eu leur visa d'installation ont pu arriver au Québec avec beaucoup moins de tracasseries. Les concernés ont pu rallier Montréal à bord de vols de la compagnie Lufthansa. Pour beaucoup, la solution réside dans la réouverture, même partielle, des frontières pour permettre aux Algériens bloqués depuis des mois à l'étranger de retrouver leurs familles.