Les déboires avec l'institution judiciaire des hommes du président déchu n'en finissent pas. Hier, c'était au tour de Saïd Bouteflika, frère cadet et conseiller de l'ancien chef de l'Etat, d'être auditionné par le juge d'instruction du tribunal correctionnel de Sidi M'hamed. Inculpé officiellement dans l'affaire Tayeb Louh, ancien ministre de la Justice, garde des Sceaux, Saïd Bouteflika a été entendu dans le volet concernant "ses interventions" au profit, notamment des hommes d'affaires. Selon des sources concordantes, Saïd Bouteflika a été entendu, une première fois, par un juge d'instruction sur l'affaire des "SMS" trouvés sur les mobiles de l'ancien garde des Sceaux. Ces messages sollicitent, principalement, l'intervention de Tayeb Louh dans des affaires de justice au profit de Chakib Khelil, son épouse et ses enfants. Saïd Bouteflika intervenait aussi au profit d'Ali Haddad, ancien président du FCE, et de Mahieddine Tahkout, patron de Cima Motors. Ces deux derniers ont été également entendus dans le cadre de la même affaire, dans laquelle plusieurs cadres du ministère de la Justice et des magistrats sont impliqués. À rappeler que le frère cadet du président déchu purge, actuellement, une peine de 15 ans de réclusion à la prison militaire de Blida. Quant à Tayeb Louh, qui aurait déclaré aux enquêteurs qu'il agissait "sur ordre de Saïd Bouteflika", il est incarcéré à la prison d'El-Harrach depuis le 22 août 2019. Tayeb Louh est poursuivi, entre autres, pour "abus de fonction", "entrave au bon fonctionnement de la justice", "incitation à la falsification de procès-verbaux officiels", "incitation à la partialité", "mauvaise utilisation de la fonction". À noter que le nom de Saïd Bouteflika a été cité dans la quasi-majorité des affaires que la justice a traitées pour le moment. Son nom a été, d'abord, cité lors du procès des deux anciens Premiers ministres, Ouyahia et Sellal, dans le cadre de l'affaire du montage automobile et du financement occulte de la dernière campagne électorale de Bouteflika à l'élection présidentielle avortée du 19 avril 2019. Auditionné par le juge du tribunal de Sidi M'hamed, l'ancien conseiller de Bouteflika avait refusé de répondre aux questions de la justice. Même lors des autres procès dans lesquels des anciens ministres ont été jugés, le nom de Saïd Bouteflika revenait comme une rengaine.